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Il est temps de réarmer l'Etat !

Déception et colère grandissent dans notre pays comme, ici, dans notre région. Je la ressens chez Renault, où les salariés sont soumis à des reculs sociaux ; parmi les Petroplus à qui l'on a rejoué le coup de « l'Etat ne peut pas tout » ; à GPN où les travailleurs craignent de vivre le même scénario ; parmi les équipementiers automobiles comme Auto-neum et dans de nombreuses usines où les ouvriers se sentent livrés à la concurrence mondiale, sans protection ; dans les hôpitaux où les conditions d'accueil et de travail atteignent l'insupportable ; dans les universités qui ne parviennent pas à boucler leurs budgets et doivent restreindre enseignements et recherche ; parmi les actifs et les retraités qui entendent prôner un allongement de la durée de cotisation ou l'augmentation des cotisations retraite sans que soit envisagée la mise à contribution de la finance... et dans tant d'autres secteurs.

Ceux qui se sont mobilisés en faveur du changement, aux côtés de toutes les forces de gauche et écologistes, il y a un an, n'en voient pas la couleur. Pire, ils appréhendent que le changement ce ne soit ni maintenant... ni plus tard. Nos concitoyens craignent pour leur propre sort. Ils craignent tout autant pour l'avenir de la France, dont les filières industrielles continuent d'être soumises à une casse qui peut les anéantir. Is redoutent l'évolution de notre société tant elle semble tourner le dos au progrès social, à l'image des nouvelles attaques contre le Code du travail. Ils s'inquiètent pour notre modèle social, les efforts qu'ils fournissent ne semblant jamais suffisants pour réduire les déficits. Le président de la République et le gouvernement doivent changer de cap. Les communistes en font une urgence et nous nous réjouissons d'entendre de plus en plus de voix, d'horizons divers à gauche, porter cette exigence. Mettons le cap vers le changement véritable, vers Femploi et la protection des salariés, vers le pouvoir d'achat indispensable à la relance de la croissance, vers une affirmation de la puissance publique pour reprendre la main sur les secteurs stratégiques, vers une nouvelle souveraineté populaire pour sortir de la soumission à la Commission européenne ou au FMI.

Mettons le cap vers le changement véritable

Voilà qui redonnerait espoir. Voilà qui mobiliserait celles et ceux qui ont mouillé la chemise pour chasser Sarkozy et contribué à faire élire François Hollande. Voilà qui permettrait de rassembler et de faire front face au Medef, aux droites française et européenne, aux milieux de la finance. Ceux-là profitent de la crise, dont ils sont responsables, pour détruire tous les droits sociaux et démocratiques. Des droits gagnés par le peuple français au fil de décennies de luttes sociales et de rapports de force politiques que lés puissances de l'argent n'ont jamais acceptés. Ce n'est pas à elles qu'il faut rendre des comptes, mais à celles et ceux qui ont contribué à changer la donne politique en France et qui souffrent de la situation.

Les députés communistes, républicains et citoyens proposent à l'Assemblée Nationale deux textes de loi qui participent de ce changement de cap, construits dans un travail collectif, associant les différentes composantes du Front de Gauche et de nombreux syndicalistes. L'un vise à amnistier des syndicalistes abusivement condamnés, criminalisés même, sous l'ère Sarkozy. Ces militants ont dit « non » à la casse de leur outil de travail, à la ruine de leur vie professionnelle et familiale, au délit de solidarité. Ils ont souvent été aux avant-postes de la défense de l'emploi. Ils ont refusé de couper l'électricité à des familles précaires, inscrit des slogans sur la voie publique pendant le mouvement sur les retraites, pris en charge un enfant sans-papiers, ou encore refusent d'être traités comme des criminels et de se soumettre à des tests ADN.

Ces militants ont dit « non » à la casse de leur outil de travail

En demandant aux députés de repousser cette loi en commission parlementaire, le gouvernement envoie un signal très négatif au monde du travail souvent soumis à la violence patronale, voire à des « patrons-voyous ». La gauche, 99 toute la gauche, doit voter cette loi d'amnistie sociale comme l'a déjà fait la majorité sénatoriale le 27 février dernier, pour permettre à ceux, injustement condamnés, d'être réhabilités dans leurs droits et de retrouver leur dignité. Y renoncer serait non seulement incohérent avec le vote exprimé par la majorité de gauche au Sénat mais aussi source de divisions et d'affaiblissement face à la droite et au Medef qui ne rêvent que de cela. L'autre proposition de loi vise à interdire les licenciements boursiers et les suppressions d'emploi abusives. Reprendre le chemin de la création d'emploi, suppose d'arrêter de donner la priorité à la recherche de « rentabilité » pour les actionnaires sous couvert de « compétitivité ». Les licenciements abusifs ou « boursiers » résultent du détournement des procédures de licenciements actuelles, alors que les entreprises ne connaissent parfois aucune difficulté particulière, ni prévisible, mais poursuivent des stratégies financières destructrices d'emplois et de sites.

Il est temps de « réarmer » l'Etat avec des points d'appuis législatifs. Ainsi, l'article 1 modifie la définition du licenciement économique pour restreindre les motifs de manière précise : cessation d'activité, vraies difficultés prouvées, changements technologiques. Cette proposition de loi + + interdit également les licenciements abusifs, sans cause réelle et sérieuse, c'est-à-dire les licenciements dans les entreprises qui accumulent des réserves financières, qui ont versé des dividendes à leurs actionnaires dans les derniers exercices comptables ou leur ont offert des stock-options. Toute la gauche sénatoriale, y compris donc le Parti socialiste, a voté une disposition de ce type début 2012. Qu'est-ce qui l'en empêche aujourd'hui ?

Le texte prévoit aussi le remboursement des aides publiques, notamment les exonérations de cotisations sociales, par les entreprises qui licencient. Est-il tolérable de toucher des subventions publiques et de détruire l'emploi ? Non. Lorsque l'équipementier automobile Cooper a fermé son usine, à Bolbec, jetant 316 salariés à la rue, j'ai défendu cette idée avec force. Elle peut se concrétiser si les députés, notamment socialistes, l'adoptent.

Par ailleurs, à côté de ces procédures de licenciements collectifs, les employeurs disposent d'autres outils, mis en œuvre par la droite, pour réduire leurs effectifs et éviter les risques liés aux licenciements économiques. C'est le cas de la rupture conventionnelle qui se substitue de plus en plus aux licenciements économiques. Il faut mettre un terme à l'utilisation de ce mode de licenciement, des licenciements déguisés pour 80 % des cas, qui progresse à un rythme scandaleux : plus d'un million depuis 2008. »

• Céline Brulin,  secrétaire départementale de la fédération de Seine-Maritime du PCF.