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VŒUX 2006. Jeudi 19 janvier 2006
Après une passionnante introduction de Michel Barrier sur l'activité des élus communistes de l'agglomération ( lire ), Daniel Paul a pris la parole.
Mesdames, messieurs, Chers amis et camarades,
Permettez-moi, après Michel Barrier, de souhaiter, à chacune et à chacun d’entre vous, une bonne et heureuse année 2006.
Permettez-moi aussi de féliciter André Duroméa, promu au grade de Commandeur dans l’ordre de la légion d’honneur. Cette distinction, décidée en conseil des ministres, honore en premier lieu André, mais elle honore aussi notre ville dont il fut le maire pendant 22 ans et tous ceux et toutes celles qui se reconnaissent dans les combats d’André.
Permettez-moi aussi de saluer ici la belle victoire remportée par les salariés portuaires qui ont obtenu le rejet de la directive qui menaçait leurs droits sociaux, et les lançait dans la jungle du dumping social : je l’ai dit hier à l’Assemblée, c’est une belle victoire, mais la vigilance reste de mise, avec la directive Bolkestein, le 14 février, au Parlement Européen. Mais, d’ores et déjà, les salariés des divers services portuaires ont montré qu’on peut mettre en échec une directive et ainsi ouvrir l’espoir à une autre construction européenne.
Je voudrais rappeler ce que je disais, le 14 janvier 2005, à l’occasion des vœux :
« Je suis persuadé que le « non » peut être majoritaire au Havre, pas un « non » frileux, mais un « non » qui dit clairement qu’une autre Europe est possible. De même, je suis persuadé que le « non » peut être majoritaire dans notre pays et que c’est une bataille progressiste qui vaut la peine d’être menée, pour être gagnée. »
Nous étions alors à 4 mois et demi du référendum sur la constitution européenne ; le « oui » caracolait en tête des sondages; 90% des parlementaires avaient préjugé du vote des Français en modifiant la constitution. Le « oui » était porté par la droite mais aussi par une partie de la gauche et par un patronat qui savait ce que le libéralisme qui imprégnait le projet pouvait lui apporter.
Ce fut une grande, une belle bataille. Nous sommes nombreux ici, ce soir, à nous y être investis pleinement, persuadés que l’Europe est une trop grande idée, un trop beau projet, pour qu’elle se fasse au détriment des intérêts économiques et sociaux du plus grand nombre. Des collectifs ont travaillé, continuent de réfléchir ensemble et je suis heureux de saluer ici la présence de plusieurs de leurs responsables.
C’est ce travail en commun, chacun conservant sa personnalité, qui a permis de faire basculer la décision, qui a fait que ce qui semblait impossible quelques semaines avant, devienne réalité le 29 mai.
Au Havre, cela a donné près de 65% pour le « non » ! C’est le score le plus élevé des villes de plus de 100000 habitants ! Malgré la mobilisation de la droite havraise, malgré l’intervention du maire de notre ville en faveur du « oui », malgré la venue à Bléville du 1er ministre en personne…Dans ma circonscription, le « non » a obtenu près de 73% !
Utiles, nous l’avons été dans cette bataille et le vœu que je formule, c’est que cette utilité des élus et des militants communistes soit plus que jamais notre fil rouge pour 2006.
Car ne nous leurrons pas ! Au-delà du jeu de rôles que nous font les leaders de la droite, leur objectif est le même : durcir le carcan libéral sur notre pays et rendre irréversibles les changements qu’ils ont imposés depuis 2002.
On nous dit que les Français ont peur de la mondialisation ! Je pense plutôt qu’ils sont nombreux à rejeter la logique de la mondialisation libérale qu’ils estiment, à juste titre, responsable de la mise en cause de leurs droits fondamentaux et de la dégradation des conditions de vie de millions d’êtres humains ! Et comment ne pas comprendre ce rejet quand l’objectif est la mise en concurrence des individus et des peuples, sur l’autel de la rentabilité immédiate.
Les exemples ne manquent pas sur notre région havraise pour illustrer cette réalité nationale !
Notre solidarité est totale avec les salariés de Renault Sandouville, de Millénium, d’Ato, de Total et de Lafarge, comme elle l’est avec ceux d’EDF, de France Télécom, de la Poste, de la SNCF.
Notre solidarité est totale avec les travailleurs du Port, salariés du PAH, dockers, lamaneurs, marins du remorquage, pilotes, confrontés à l’offensive des grands groupes internationaux dans le cadre de la mise en place de Port 2000.
Notre solidarité est totale avec les personnels des services publics, confrontés aux réductions de moyens humains et budgétaires pour mener à bien leurs missions !
Tous sont confrontés à la logique d’une même politique, celle qui vise à adapter notre pays aux exigences de la concurrence généralisée, de la rentabilité financière en imposant la concurrence entre les hommes, entre les pays. Redisons-le : cette logique est dévastatrice, car elle place les droits et les besoins humains au second rang, derrière la rentabilité financière..
Cette logique s’appuie sur une culpabilisation des chômeurs, des érémistes et des migrants, des malades et des fonctionnaires, des salariés qui appliquent les 35 heures et des retraités, et non à établir une justice fiscale faisant payer plus les nantis et, par exemple, les 400 familles de notre ville assujettis à l’ISF.
Couverture sociale, retraites, changements de statuts des services publics, formation des jeunes, sécurité des biens et des personnes, mise en cause du code du travail, construction européenne, questions de l’énergie,…autant de sujets qui recouvrent de vrais enjeux de société : est-ce la rentabilité financière et le marché qui doivent dicter les réponses ou plutôt les besoins humains ? Cela n’interpelle pas seulement les communistes, mais doit interroger tous les gens de progrès. Et aujourd’hui, la mise en cause du droit du travail s’intensifie, avec les nouveaux contrats qui généralisent la précarité. Avec ce gouvernement, à chaque fois qu’un ministre ajoute une page au code pénal, un autre ministre en enlève une au code du travail !
L’urgence sociale est une réalité : elle exige que, face aux questions de démocratie et aux risques de régression sociale portée par les réponses libérales, nous cherchions à construire des réponses qui soient à la hauteur des enjeux, aux plans européen, national et local !
Au plan local, ceux qui n’ont jamais douté de leur ville, doivent certes goûter leur plaisir de voir Le Havre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO !
Mais, si selon une campagne médiatique permanente, Le Havre va mieux, ce n’est assurément pas pour tous !
Comment ne pas dénoncer l’explosion de la précarité qui bat ici des records ? Comment ne pas s’inquiéter du maintien du chômage à plus de 12% ? Comment taire le surendettement des ménages et ses effets dévastateurs ? Comment ignorer le doublement depuis 95 du nombre de prises en charge par les « restau du cœur » ? Comment ne pas voir l’échec de la politique sécuritaire, avec l’augmentation continue des actes de délinquance, en particulier les 490 véhicules incendiés en 2005, après les 327 de 2004, soit plus de 50% d’augmentation ? Cela aurait ici été plus calme qu’ailleurs en novembre dernier, mais cela ne signifie-t-il pas qu’ici la fièvre est permanente ? Comment accepter la tromperie que constitue l’augmentation de la TEOM ? Comment accepter la stagnation des aides aux associations et l’explosion du stationnement payant ? Comment accepter l’inertie de la droite face aux fermetures de classes dans les ZEP et la disparition prévue de nouvelles CLIS en septembre prochain ? Comment ne pas voir que la politique de rénovation urbaine ne suffit pas face aux politiques de casse économique et sociale, mais qu’elle nourrit la multiplication d’opérations immobilières spéculatives ? Comment ne pas exiger, au moment où se développe un pôle important de santé à but lucratif, que l’hôpital public soit doté, en priorité, des moyens nécessaires à ses missions ? Comment, au moment où Port 2000 va être inauguré, faire en sorte que cet outil soit réellement au service du développement de l’emploi stable ?
Il est vrai qu’ici comme à Paris ou à Bruxelles, on veut nous convaincre que l’avenir ne serait pas dans une société solidaire, mais dans une concurrence entre individus, qu’il faudrait accepter des restrictions de libertés individuelles et collectives au nom de la lutte pour la sécurité, que les Français vivraient au-dessus de leurs moyens et qu’il faudrait donc que la sécu rembourse moins, que les salaires et les retraites n’augmentent pas, que la réduction du temps de travail soit revue, que la précarité devienne la règle ! N’est-ce pas la présidente du MEDEF qui rappelait « la vie et l’amour sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ? »
Dans ces conditions, qui pourrait croire que 2006 sera une année vide, menant jusqu’en 2007, une année où rien ne bougerait, où il ne serait question que de coups politiciens, et avec des mots d’autant plus forts que l’objectif serait de faire croire que l’on va changer, pour mieux faire en sorte que rien ne change !
2006 doit être une année pleine, une année utile, pour se défendre, mais aussi pour préparer l’alternative !
« Battre la droite et réussir à gauche ! », voilà le seul objectif des communistes! Nous pensons en effet que les hommes et les femmes qui souffrent aujourd’hui, attendent une gauche courageuse, créative, porteuse de réponses aux questions qui nous sont posées.
Riposte à la droite et au MEDEF, construction de positions antilibérales, participation populaire, c’est cela que nous proposons, une « Union Populaire » large, qui n’écarte personne, car pour battre la droite et faire du neuf, pour changer vraiment la vie, il ne suffira pas de surfer sur le mécontentement, il faudra construire une alternative réelle, crédible et pour cela la participation de tous les progressistes est requise !
Le 29 mai, l’apport des habitants des quartiers populaires a été décisif, ici au Havre comme partout en France. C’est en nous adressant à ceux qui subissent déjà les méfaits de la politique libérale, en appelant à la mobilisation, que nous créerons la dynamique nécessaire aux victoires. C’est en montrant qu’une autre société est possible, où l’on ferait la chasse à la pauvreté et pas aux pauvres, au chômage et non aux chômeurs, où le mot « égalité » ne serait plus un gros mot, que nous ferons aussi avancer les consciences.
Etre réaliste, aujourd’hui, c’est prendre conscience des enjeux et se donner les moyens de contrer les logiques à l’œuvre, s’attaquer à la racine des problèmes, pour ne pas prétexter ensuite son impuissance à changer la vie !
C’est par exemple, faire cotiser les profits financiers à la protection sociale; c’est donner des droits nouveaux aux salariés dans la gestion des entreprises; c’est construire un pôle bancaire public pour financer le logement, les équipements publics ; c’est développer les coopérations et non la concurrence dans les domaines de l’énergie, des transports; c’est lutter concrètement contre le racisme et toutes les discriminations ; c’est travailler à une sécurité professionnelle; c’est préparer l’avenir en formant, en qualifiant les jeunes et en faisant réellement de la recherche une priorité nationale…
C’est cela que nous mettons en débat, avec d’autres propositions, pour avoir les moyens nécessaires au changement, en même temps que nous proposons de réfléchir aux conditions pour que ces idées soient portées le plus largement possible aux présidentielles et aux législatives ! Et, parce que nous sommes porteurs de cette perspective de contenu et de rassemblement, je soutiens la proposition d’une candidature communiste à la présidentielle afin de donner force à la dynamique, pas une simple candidature « témoignage », mais une candidature ambitieuse, qui redonne confiance en l’avenir.
Alors oui, nous abordons 2006 de façon offensive ; notre ténacité, notre souci du rassemblement le plus large, notre préoccupation de faire gagner notre peuple, notre force militante ont contribué à ce qu’en 2005 ceux qui souffrent marquent des points.
Loin des opérations politiciennes, soyez assurés que les militants communistes, leurs élus, au Havre comme ailleurs, sont, comme toujours, au service des gens, du peuple, de la gauche ; ils mettront tout en œuvre pour faire de 2006 une année utile au rassemblement pour résister, riposter aux mauvais coups, battre la droite et faire réussir la gauche.
Il y a 70 ans, notre peuple allait écrire une des grandes pages de l’histoire sociale de notre pays. C’était 36 et le Front Populaire…Souhaitons que 2006 soit aussi une année d’espoir.
A chacune et à chacun, je présente mes meilleurs vœux pour une bonne et heureuse année.
Daniel PAUL
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