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Manif. au conseil du développement du port du Havre

Les membres du conseil de développement du Grand port maritime du Havre (GPMH) ont été les premiers surpris. En milieu de matinée, alors qu'ils s'étaient réunis au dernier étage du siège administratif du GPMH, une soixantaine de manifestants, toutes banderoles dehors, ont fait bruyamment irruption dans la salle du conseil. Au pied de l'immeuble bleu, à l'extérieur, d'autres manifestants encore plus nombreux se sont rassemblés. Dans la salle du conseil, des syndicalistes CGT représentant le Grand port maritime du Havre, les dockers, Lafarge et Renault-Sandouville ont tour à tour pris la parole évoquant longuement la situation de l'emploi au Havre et dans le département. A l'issue de ces interventions et ne voulant pas quitter la salle, les manifestants ont finalement contraint le président du conseil de développement Jean-Louis Le Yondre à annuler la réunion.

Un plaidoyer pour l'emploi au Havre et dans la région

A l'origine de cette manifestation, les salariés de l'usine Lafarge de Saint-Vigor-d'Ymonville qui dénoncent l'arrivée de deux nouveaux opérateurs, Vracs de l'Estuaire et Liants Océane dans le secteur du Havre (voir encadré). Ces opérateurs importeraient du clinker à bas prix (matière première servant à fabriquer le ciment) de Turquie. Une concurrence jugée déloyale.

Mais finalement, c'est bel et bien l'emploi qui était au cœur des revendications, d'autres entreprises étant venus prêter main-forte aux salariés de Lafarge. Au nom des salariés du GPMH, Laurent Delaporte, responsable CGT, a dénoncé les sous-effectifs au sein de l'établissement portuaire. « Nous nous battons également pour éviter le ferraillage de nos engins qui servent à la mise en place des passerelles de paquebots. » Il accuse la direction de ne pas vouloir appliquer la revalorisation des salaires obtenue au niveau national. Nicolas Guermonprez, le leader CGT de Renault-Sandouville, est également monté au créneau dénonçant lui aussi la « casse de l'emploi » et fustigeant au passage ceux qui « criminalisent la CGT ». « Il faut savoir que la CGT a toujours tiré la sonnette d'alarme sur les situations les plus inacceptables. »
A l'issue de la réunion, le président du conseil de développement Jean-Louis Le Yondre a déclaré qu'il avait « entendu » le message sur l'emploi porté par les syndicalistes. Concernant Lafarge, il a estimé que le problème du clinker « trouvera une solution dans le droit français ou européen ». Hervé Cornède, le directeur commercial et marketing du GPMH a rappelé quant à lui que le port du Havre a toujours eu pour objectif de développer les trafics et d'accueillir les industriels. « On comptabilise onze implantations nouvelles au cours de ces derniers mois. » Autre chiffre avancé par le responsable, 1 000 conteneurs supplémentaires sur le port du Havre permettent de créer un emploi.

Une menace sur Lafarge

Pour David Auguet, responsable CGT chez Lafarge, l'implantation de nouveaux deux cimentiers qui, selon lui, utiliseraient du clinker importé de Turquie, donc exempt des contraintes réglementaires françaises et européennes, risqueraient de mettre en péril l'usine de Saint-Vigor-d'Ymonville qui emploie actuellement 150 salariés auquel il faut ajouter 350 emplois induits.

« Vracs de l'Estuaire va démarrer la construction de son unité au centre multivrac. Cette unité ne créera que 20 emplois. Le GPMH a donné son feu vert. Nous voulons lui faire comprendre le poids des conséquences d'une telle décision. » Le syndicaliste indique au passage que le marché du ciment connaît une grave crise depuis 2009. « Le marché a perdu 20 % en volume. Chez Lafarge, nous avons enregistré une baisse de 20 %. Et les prévisions 2013-2014 ne sont pas bonnes… » Vracs de l'Estuaire, par la voix de son responsable Jean Marc Domange, parle quant à lui d'une usine ultramoderne et de ciments « Made in France ».
En réponse au tract diffusé par la CGT de Lafarge, le responsable parle de 45 emplois créés et de 120 emplois chez les sous-traitants. Il rappelle également que la Turquie est soumise à la réglementation européenne dans le cadre de sa candidature pour entrer dans l'Union européenne.

La crise

Le secrétaire général de l'union départementale CGT, Régis Gasse, s'est également exprimé devant les membres du conseil de développement.


« La situation économique sur le département est préoccupante. On continue de casser l'emploi et ce malgré les aides octroyées par le gouvernement aux entreprises sans aucune contrepartie. Le fric domine tout au détriment de ceux qui produisent la richesse. Il faut arrêter la politique d'austérité. »
Pour l'élu CGT, le département a pourtant de nombreux atouts, bénéficiant d'une lfaçade maritime mais aussi une industrie dans des domaines aussi variés que le raffinage, l'automobile, l'aéronautique. « Il faut continuer à se battre », a-t-il conclu.

F. H (Havre Libre)

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