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De quoi le « choc de compétitivité » est-il le nom ?

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix du patronat français se relaient dans les média pour invoquer l’urgence d’un « choc de compétitivité ». Reprenant les orientations du rapport que Louis Gallois doit remettre au gouvernement, ces patrons français exigent une réduction drastique des dépenses publiques ainsi qu’une baisse massive des cotisations patronales et de la fiscalité du capital qui serait compensée par une hausse de la TVA.  

Pour justifier leurs revendications, ces voix patronales ont recours à un mensonge grossier : ils invoquent la nécessité économique et l’intérêt général, alors qu’en réalité, les mesures qu’ils proposent ne permettront pas de sortir de la crise et ne servent que les intérêts de leur propre classe.

Ainsi, Mme Parisot, M. Gallois, ou encore ces PDG des 98 plus grandes entreprises françaises auxquels le JDD de M. Lagardère a dressé le tapis rouge, affirment que la satisfaction de leurs exigences est la seule voie possible pour sortir le pays de la crise et retrouver le chemin de la croissance forte. Quelle imposture ! En effet, c’est précisément en appliquant les remèdes prescrits par ces experts autoproclamés du redressement économique que des pays comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal ont plongé dans la récession. Par ailleurs, de nombreux économistes, dont les deux prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz, ne cessent de rappeler que les dépenses publiques sont nécessaires à la relance de l’activité économique. Les dépenses publiques ne sont pas un fardeau mais une solution à la crise ! Dépenser de l’argent public, c’est relancer la production par l’investissement, c’est stimuler la création d’emplois, c’est dynamiser la consommation. Enfin, faut-il rappeler à nos apprentis sorciers patronaux que l’augmentation de la TVA est un frein à la demande et donc une aberration économique, d’autant plus dans le contexte actuel d’une crise de la consommation ?

Ces patrons n’hésitent pas non plus à recourir au chantage à l’emploi pour justifier une réduction massive de leurs cotisations et de la fiscalité pesant sur le capital. Selon eux, si les dirigeants d’entreprises licencient et n’embauchent pas c’est parce que leurs « charges » sont trop élevées et réduisent leurs marges. Ce discours, qui ne rencontre que trop peu de contradicteurs dans la sphère médiatique, repose sur un mensonge par omission. En effet, le patronat oublie sciemment de poser le problème des dividendes distribués aux actionnaires : réduire ces dividendes ne serait-il pas un excellent moyen de libérer des capitaux destinés à l’investissement productif, l’augmentation des salaires et la création d’emplois ?

Les mesures prônées par ces patrons ne relèvent donc nullement d’une nécessité économique sans alternative et dictée par le contexte. Elles relèvent au contraire d’un discours de classe que le patronat français n’hésite pas à brandir quel que soit le contexte économique puisque, déjà dans les années 50 où la France connaissait la croissance forte, le CNPF en appelait à l’urgence d’une baisse des « charges patronales ». Mais ce discours de classe avance masqué sous les traits de l’intérêt général et du patriotisme. Comment peut-on oser prétendre que la baisse des dépenses publiques et la hausse de la TVA servent l’intérêt général, alors que l’on sait pertinemment que ces mesures ne feront qu’aggraver les conditions de vie des plus démunis et les inégalités sociales ? Comment peut-on prétendre que la rengaine de la baisse du « coût du travail » n’est pas un discours de classe, alors qu’elle signifie baisse des cotisations patronales et de la fiscalité du capital et politique de bas salaires, pour mieux continuer à distribuer des dividendes considérables aux actionnaires ? La notion même de « coût du travail », répétée jusqu’à la nausée par les grands média, sert les intérêts de la classe du grand patronat. En parlant de « coût du travail », on impose dans les esprits l’idée fallacieuse que les salariés sont un fardeau pour l’entreprise, qu’augmenter les salaires est économiquement suicidaire et que les licenciements sont impératifs. En parlant de « coût du travail », on veut faire oublier que les salariés produisent des richesses et sont le moteur du dynamisme économique, que l’on licencie pour mieux gaver les actionnaires !

 

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