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Vendredi 14 Décembre 2012 : Les experts pour un coup de massue sur le Smic: En mars 1994, des centaines de milliers de manifestants dans la rue avaient fait ravaler au gouvernement Balladur son projet de contrats d'insertion professionnelle (CIP), qui prévoyait la possibilité de rémunérer les jeunes de moins de vingt-six ans à 80 % du Smic. Presque vingt ans plus tard, l'idée, qui n'a jamais cessé de hanter les économistes libéraux, fait son retour dans le rapport d'experts chargés, depuis 2009, d' « éclairer » chaque année le gouvernement sur l'ampleur du coup de pouce qu'il doit accorder - ou pas - au salaire minimum français, en plus de la revalorisation automatique liée à l'inflation et à l'évolution du salaire ouvrier. La prochaine revalorisation doit intervenir le 1er janvier 2013, et sera annoncée par le gouvernement lundi devant la Commission nationale de la négociation collective, où siègent patronat et syndicats. On sait qu'elle sera faible, puisque l'inflation a déjà conduit à une revalorisation intermédiaire en juillet dernier de 2% (à 9,40 euros par heure, soit 1425,67 euros par mois pour un temps plein), qui constituait un « à-valoir ». Dans leur rapport daté du 26 novembre, les « experts » invitent sans surprise, comme l'an dernier, le gouvernement à « privilégier une gestion prudente du Smic articulée à une maîtrise des coûts salariaux, primordiale pour l'emploi ». Mais cette année, les sages économistes ne s'arrêtent pas là puisqu'ils proposent un aménagement des règles de revalorisation automatique - afin de contenir la progression du Smic, qui a, selon eux, évolué trop vite par rapport au salaire médian - mais aussi des « réflexions » à plus long terme, qui dessinent un éclatement pur et simple du salaire minimum. Ils pointent ainsi « ] 'homogénéité du Smic selon l'âge, alors que l'insertion sur le marché du travail des moins de vingt-cinq ans est difficile ». Au nom du chômage des jeunes, on instituerait donc un sous-Smic pour eux, en attendant un Smic seniors, un Smic femmes, un Smic pour salariés d'origine étrangère? Ils déplorent également « l'homogénéité géographique du Smic, alors que les niveaux de prix diffèrent fortement entre régions », ce qui plaide pour des minima locaux. Le tout en reprenant la position de la Commission européenne, pour qui « des minima sociaux différenciés selon les groupes dépopulation ou les régions » favoriseraient l'embauche. Par ailleurs, ils remettent en cause le principe même d'une revalorisation automatique, au profit d'une décision soit par les gouvernements, soit par les experts. Enfin, ils contestent l'idée que le Smic permet de lutter contre la pauvreté puisque, selon eux, les gouvernements ont dû compenser son « haut » niveau par une politique de baisse des charges coûteuse pour les finances publiques, qui aurait limité les budgets des dispositifs de lutte contre la pauvreté. En appauvrissant les smicards, on enrichira les pauvres, veulent-ils nous faire croire.Fanny Doumayrou (source l'Humanité)
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