Jeudi 16 Juin:
Le comité havrais "Un Bateau pour Gaza" réunit une vingtaine
d’organisations. Depuis des mois, les militant-e-s mènent campagne pour
soutenir financièrement l’envoi d’un bateau vers Gaza et dénoncer la
politique d’apartheid menée par l’Etat israélien. Plus de 4 000 euros ont
ainsi rejoints les autres collectes régionales dans la tirelire commune qui
culmine à 600 000 euros. Pari gagné. Le Bateau français pour Gaza peut
partir.
Trente-cinq personnes prendront place à bord. Parmi elles -
avec une cravate rouge sur la photo - Jean-Paul Lecoq, député-maire
communiste de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime). Membre de la commission
des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, il s’était rendu à Gaza en
février 2009, peu de temps après Plomb durci, la sinistre opération
militaire israélienne. « Toute la zone d’activité de Gaza était rasée,
broyée. Ce n’était pas que l’effet d’une opération militaire. Derrière les
canons, les bulldozers étaient passés. Il y avait vraiment la volonté de
terroriser la population palestinienne. Même les bassins de rétention d’eau,
qui ne sont pas des terrains militaires, étaient détruits. Le président de
l’Assemblée nationale avait promis de reconstruire l’hôpital de Gaza. Nous
avions l’intention de revenir un an après pour voir l’avancement des
travaux, mais nous n’avons pas eu l'autorisation. Nous y serions pourtant
allés dans le cadre d’une délégation officielle… »
A quelques jours du départ de la deuxième Flottille de la Liberté qui
comptera une douzaine de bateaux venus d’Europe et du continent américain,
Israël hausse le ton et fait jouer ses réseaux. Ban Ki-moon, le secrétaire
général de l’ONU apporte aussi sa voix au mauvais concert en invitant les
Etats à tout faire pour empêcher le départ des bateaux pour Gaza. « Il
discrédite l’ONU », assure Jean-Paul Lecoq. Le 14 juin, Alain Juppé,
ministre des Affaires étrangères, s’est aussi exprimé au Parlement sur le
sujet. « S’agissant du projet de flottille, notre position est très claire
et je l’ai rappelé aux autorités israéliennes comme aux autorités
palestiniennes que j’ai rencontrées il y a maintenant dix jours. Nous
pensons que cette initiative est regrettable et qu’elle ne peut qu’envenimer
la situation. Nous avons demandé à tous ceux qui, en France, s’apprêtaient à
y participer d’y renoncer. »
« Cela dit, nous n’avons pas les moyens juridiques d’empêcher des bateaux de
prendre la haute mer et de se diriger vers la côte israélienne ou vers Gaza
», reconnaissait aussitôt Alain Juppé. Cette remarque tombe à pic pour
répondre à celles et à ceux qui diabolisent la flottille pacifiste en la
déclarant illégale, pirate ou même terroriste ! Curieuse manière d’analyser
la situation. « C’est la politique israélienne qui ne respecte pas le droit
international. C’est la politique israélienne qui est terroriste », assure
Jean-Paul Lecoq.
Les menaces israéliennes n'entament pas la détermination des militant-e-s
venu-e-s de tous les horizons de gauche ou d'extrême gauche et au-delà.
Etienne Pinte, député UMP, ne rate en effet jamais l'occasion de dire ce
qu'il pense de la politique israélienne aux côtés du collectif Un Bateau
français pour Gaza. « J'ai prévenu Alain Juppé que je serai sur le bateau,
précise Jean-Paul Lecoq. La France se doit d'assurer la protection d'un
navire français qui a en plus de nombreux Français à bord. » Message reçu ?
Jean-Paul Lecoq n'est pas un inconnu au Parlement. En novembre 2010, il
avait été expulsé du Maroc parce qu'il voulait se rendre au Sahara
Occidental où une révolte sahraouie avait été violemment réprimée par les
forces d'occupation marocaines. Sahara Occidental, Palestine. Même violence
coloniale, même mépris des lois internationales.
En mai 2010, une première flottille non-violente, pacifiste et humanitaire
avait était violemment attaquée par la marine israélienne dans les eaux
internationales. Bilan : vingt-huit passagers blessés et neuf morts. « Des
meurtres » pour Jean-Paul Lecoq qui sera le 18 juin à Marseille où une série
de rendez-vous politiques et festifs accompagneront le départ du bateau
français. Le député-maire ne montera à bord qu’à Athènes, le 25 juin, pour
la dernière partie de la traversée vers Gaza. Dans sa poche, il aura une
lettre de Serge Grossvak, militant antisioniste de l’Union juive des
Français pour la Paix, qui dit : « Amis palestiniens, je fais le rêve du
jour où nous célébrerons ensemble tout à la fois les états israéliens et
palestiniens. Je fais le rêve du jour où nous commémorerons tout à la fois
les souffrances juives et palestiniennes. Ensemble, nous serons humains
parmi les humains. »
(source "Paco, Le Post")
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