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Lundi 26 Octobre 2009 :

ACH : le temps des souvenirs

SOCIAL. Il y a près de dix ans, les chantiers de construction navale disparaissaient. Une exposition retrace « la Lutte ».

Journal de 20-heures, le 22 octobre 1998. ce soir-là, le présentateur, Claude Sérion, lance un sujet consacré à l'annonce faite le jour même par Christian Pieret : la fermeture des ACH. Le ministre de l'Industrie du gouvernement Jospin justifie cette décision. Elle vient confirmer ce que chacun, au Havre, pressent déjà.

Dix ans plus tard, dans le hall de la Maison des syndicats, à Franklin, les images tournent en boucle. Emus ou agacés, d'anciens salariés des chantiers revoient ces moments difficiles. Et inoubliables, forcément. Alors, les souvenirs reviennent, les anecdotes aussi, tout comme les commentaires en tout genre.

« Qui a mis les barbelés ? »

Pendant une quinzaine de jours, une exposition retrace cette période de tumulte, le fin des ACH. Avec un parti pris. Celui de « la lutte », comme dit Jean-Louis Jegaden, l'ancien leader CGT des chantiers havrais. Photographies, multiples articles de presse, films : la rétrospective^permet de se replonger dans une séquence capitale de l'histoire de la ville.

Au centre se l'exposition, une série de panneaux. Avec des photographies tirées en noir et blanc. Effets garanti avec, en prime des commentaires parfois chargés de fatalité : «Il n'y a plus d'issue. Qui a mis les barbelés ? Qui a grillagé mon bureau ? Je suis enfermé »; Ou celui-ci, encore : « Je veux rentrer à mon bureau. Me revoilà renfermé. je suis enfermé. Je suis libre ».

Libre ? Pour les anciens des ACH, cette « liberté » subie aura un coût. Beaucoup connaîtront de longues périodes de chômage avant de retrouver un emploi, chez Renault, dans la pétrochimie ou, pour certains, dans un sursaut d'activités de réparation navale, la Soreni, l'a démontré peu de temps après.

De cette période, il reste des images fortes, comme celles-ci, saisie dans le hall de l'hôtel de ville. Antoine Rufenacht est pris pour cible. En quelques minutes les images font le tour de France.

Retrouvailles improbables

Lors de l'ouverture de l'exposition, il y a quelques jours à Franklin, drôles de retrouvailles. Les anciens leaders syndicaux et les « métallos » revoient avec émotion les photographies d'une bataille « pour sauver les chantiers », explique Jean-Louis Jegaden. A leurs côtés, Thierry Osselin et Claude Legrand, à l'époque deux des dirigeants des  chantiers

ST. S.   (Havre Libre)