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Les jeunes toujours en première ligne ..... Faut-il s'étonner de la montée du chômage et particulièrement de la situation dramatique des jeunes qui, de mois en mois, se confirme ? La semaine dernière, à l'occasion de la publication des derniers chiffres du chômage, nombre de commentateurs ont pourtant semblé découvrir l'ampleur du problème.Le taux de chômage global bat des records. Enregistré sur trois mois, toutes classes d'âges confondues, il atteint 10,3 %. Un niveau qui nous ramène treize ans en arrière... Plus de 5 millions de personnes, soit un cinquième de la population active, sont i nscrites à Pôle emploi. En un an. le chômage progresse de plus de 7 %. C'est le résultat de la conjonction de deux phénomènes. D'une part, une absence de croissance qui pousse les employeurs à réduire les effectifs. D'autre part, une progression de la population active de 150000 personnes par an qui ne peut s'intégrer dans un emploi. Les jeunes sont particulièrement touchés. Au troisième trimestre 2012, le taux de chômage des jeunes actifs a atteint un niveau historique : 24,2 % en France métropolitaine. En trois mois, ce chiffre a bondi de 6 %, soit une augmentation comparable à celle enregistrée au plus fort de la crise, il y a trois ans. Les jeunes femmes sont les plus frappées par cette augmentation. Entre juin et septembre, leur taux de chômage a connu une envolée de 11 %. Là encore, c'est un record comparable aux pires moments de la crise de 2008-2009. Au total, au sens du BIT, 671000 jeunes actifs de 15 à 24 ans recherchent un emploi. Les taux de chômage respectifs des jeunes hommes et des jeunes femmes se livrent à une tragique course-poursuite, dessinant cette dernière année les méandres de la propagation de la crise. Le taux de chômage des jeunes hommes grimpe nettement dès que la conjoncture se dégrade, fin 2011. U intérim a été le premier vecteur d ' ajustement des effectifs des entreprises industrielles. Ce sont les hommes plus présents dans ce secteur qui en font d'abord les frais. Mais, aujourd'hui le taux de chômage des jeunes femmes passe devant celui des jeunes hommes, 24,6 % contre 24,2 %, marquant une nouvelle étape de la politique de « dégraissage » des entreprises. C'est désormais par la réduction des emplois à temps partiel qu'occupent majoritairement les femmes que l'ajustement se produit. Ces difficultés se répercutent sur le comportement d'activité des jeunes. Le taux d'emploi des jeunes actifs plonge de 5 % en un an, atteignant un niveau historiquement bas : 28,4 %. La conclusion est évidente : les jeunes choisissent, face à un horizon qui se bouche, de prolonger leurs études, au lieu d'essayer d'intégrer le marché du travail. Le gouvernement a perçu le problème et cherche à enrayer une augmentation du chômage des jeunes, qui risque de se poursuivre. La création de 100000 emplois d'avenir et le lancement effectif des premiers contrats de génération, dont un demi-million sont programmés d'ici à 2017, devraient permettre d'améliorer les chiffres dès le deuxième trimestre 2013. Pas sûr cependant que cela suffise à relancer l'emploi et à faire baisser structurellement le taux de chômage. Avec une croissance quasi nulle pour l'année qui vient et la multiplication des suppressions d'emplois dans les entreprises. L'avenir demeure plus qu'incertain. L'objectif du gouvernement « d'inverser la tendance d'ici à un an » paraît hors de portée sans des changements significatifs de politique économique. JEAN-CHRISTOPHE LE DUlGOU
(source l'Humanité-Dimanche)
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