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Lundi 10 Décembre 2012 :

 

Mal et racines

par Michel Guilloux

 

La pauvreté de masse est devenue la terrible réalité de millions d'hommes et de femmes. Les jeunes paient le plus lourd tribut, et encore plus dans les quartiers les plus populaires. Alors oui, la Conférence nationale sur la pauvreté qui s'ouvre aujourd'hui est bienvenue, à condition qu'elle débouche sur des mesures prenant le mal à la racine. Les emplois d'avenir qui ont été initiés y participent, à condition qu'ils puissent devenir des emplois pérennes et non pas de nouvelles trappes à bas salaires et à précarité. Mais va-t-on cesser de considérer une large partie de la jeunesse comme les cobayes de l'abaissement généralisé des conditions de vie et de travail? Année après année, cette conception, assumée ou non, participe du déclin de la France et de l'obscurcissement de son avenir. Va-t-on enfin discuter et voter au Parlement un vrai statut de la jeunesse, comme le portent ses organisations, de gauche, de lycéens et d'étudiants, dans tous ses aspects: revenus, études, santé, logement ?

À l'autre bout des générations, un signal inquiétant nous vient du Sénat.

Grâce à l'abstention des sénateurs socialistes et malgré l'opposition des élus communistes, un amendement UMP a été adopté en

Commission autorisant le cumul du minimum vieillesse avec un « revenu d'activité ». L'idée est portée dans une des tables rondes qui se réunissent aujourd'hui au palais d'Iéna. A l'heure du chômage de masse et |de la casse des retraites qui réduisent nombre de "seniors à la disette, l'avenir et la modernité consisteraient-ils à leur permettre de distribuer des prospectus pour des magasins ouvrant le dimanche? Et non pas à revaloriser le montant de tous les minima sociaux?

En ne donnant qu'une pichenette à l'augmentation du Smic au début de l'été,

le gouvernement initiait le mauvais tournant qui s'est concrétisé depuis, de pacte de compétitivité en affaire Florange. Lorsque Ton voit un ministre de l'Intérieur, après avoir accepté jeudi sans barguigner de laisser une tribune en sa compagnie sur le service public télévisuel à Marine Le Pen, déclarer, hier, que « cela fait des années que la sidérurgie en Lorraine est restructurée », quel signal envoie-t-on9 Que l'industrie, c'est fini? Pleurera-t-on ensuite des larmes de crocodile sur ces pauvres pauvres qui souffrent? Enfin, le président de l'Assemblée des départements de France, lesquels ont en charge l'aide sociale, avait réclamé en septembre 400 millions d'aides exceptionnelles. Un peu plus du tiers a été accordé. Mais peut-on se corseter dans des critères d'austérité, refuser d'impulser un changement de cap économique et financier, et penser que l'on pourra faire face au raz-de-marée de la misère ?

 

 (source l'Humanité)

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