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Samedi 8 Décembre 2012 : PSA: pour éviter la perte de 8 000 emplois il suffit d'équilibrer la production entre tous les sites«8000 suppressions d'emplois, inacceptable», avait déclaré Arnaud Montebourg, encore lui, en juillet dernier, après la visite de Varin, PDG de PSA, à l'Elysée. Depuis rien... Le 11 décembre, le compte à rebours va commencer pour les salariés de PSA. Un comité central d'entreprise du groupe doit réenclencher la procédure du FSE - suspendue en juillet par la désignation d'un expert, Secafi - portant sur 8000 suppressions d'emplois (dont 1400 à Rennes, et 3 000 à Aulnay-sous-Bois, voué à la fermeture). Si le groupe motive aujourd'hui son plan par une chute des ventes en Europe occidentale et de soi-disant « surcapacités », un document interne, envoyé anonymement à la CGT en juin 2011, montre que la décision de fermer Aulnay a été prise dès 2010, une année record. Lors de la campagne présidentielle, les salariés de l'usine de Seine-Saint-Denis ont interpellé le candidat Hollande. Une fois faite l'annonce officielle du plan en juillet, portant peu de crédit à une direction qui leur a beaucoup menti, ils ont demandé l'intervention de l'État dans les négociations. Du président de la République comme du ministre du Redressement productif et autres, ils ont obtenu de belles paroles. « L'État ne peut pas rester indifférent. (...) Je considère ce plan inacceptable », martelait François Hollande lors de son interview télévisée du 14 juillet. Pourtant, après un rapport Sartorius bâclé en quelques semaines, se contentant de son aveu même de compiler des études d'« experts » et les seuls documents que le groupe rend publics, le gouvernement a fait volte-face. PSA - qui certes aurait fait des « erreurs », distribuant au passage à ses actionnaires 6 milliards d'euros en dix ans sous forme de dividendes et de rachats d'actions - serait au bord du gouffre et ne pourrait faire autrement que de sacrifier 8 000 emplois. ______________________________________________________________________________________ À la demande de la CGT, le cabinet Secafi préconise un équilibrage des productions sur tous les sites du groupe. _______________________________________________________________________________________ Les réunions tripartites (État, syndicats, direction de PSA) qui ont fini par se tenir, à la demande insistante des syndicats, servent de tribune à la direction du groupe. À aucun moment, le gouvernement, prompt à accorder une garantie de 7 milliards d'euros à la banque PSA Finance pour qu'elle allège ses conditions d'emprunt sur les marchés, n'a abordé les questions de fond. Faut-il accepter 8 000 suppressions d'emplois dans une multinationale quand il y a actuellement 1500 chômeurs de plus par jour? Faut-il accepter la fermeture d'une usine d'assemblage en France (4000 emplois directs en Seine-Saint-Denis, sous-traitants compris" 10000 en comptant les emplois induits), sachant que Renault pourrait s'engouffrer dans la brèche et se sert de toute façon de l'argument pour tenter d'imposer à tous ses salariés flexibilité maximale et mobilité forcée ? Faut-il accepter de casser l'outil productif en France face à une baisse des ventes qui ne peut être que conjoncturelle à moins que la paupérisation des salariés ne soit le seul programme de ce gouvernement ? Pourquoi ne pas appuyer la proposition très raisonnable de la CGT, soutenue par le PCF et le Front de gauche : le maintien de la production de la C3 à Aulnay, avec tous les emplois, jusqu'à la fin supposée du modèle qui reste le plus vendu du groupe, soit en 2016? Ou encore la demande du syndicat de préretraites à 55 ans (10000 salariés concernés dans le groupe)? Voulons-nous d'une société où l'on construit des voitures la nuit et le week-end pour « saturer » les usines et accroître leur rentabilité au profit des actionnaires, mais au détriment de la santé et de la vie des salariés - logique sur laquelle repose le plan de PSA ? À la demande de la CGT, le cabinet Secafi a chiffré le scénario que préconise le syndicat : un équilibrage des productions sur tous les sites du groupe, et donc un partage du travail entre tous. Conclusion de l'expert : ce scénario permet de « saturer la totalité des sites en deux équipes ». Donc de travailler normalement, même si cela ne « correspond pas à l'objectif de la direction». D.S. (source l'Humanité-Dimanche)
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