Lundi
3 Décembre 2012 :
L'acier, un haut
fournisseur de richesses durables
Secteur
mondialisé et financiarisé, la sidérurgie constitue la base de toute
activité industrielle. Elledoit bénéficier d'un contrôle public.
Logements,
structures commerciales, stades, voies ferrées, navires, voitures, ponts,
machines-outils, électroménager, emballages alimentaires, tubage pour
l'industrie pétrolière... de l'acier, il en faut. La demande et la
production ont d'ailleurs toujours été intimement liées au niveau d'activité
économique. Ces quarante dernières années, le Brésil et les pays asiatiques,
et en particulier la Chine, en plein développement, ont eu de gros besoins
en acier. Pas étonnant d'avoir vu arriver en 2006, en Europe, un certain
Lakshmi Mittal, homme d'affaires indien. La demande fut si forte que les
prix ont flambé. Les grands groupes sidérurgistes s'en sont mis plein les
poches, battant en 2007 un record de production jamais atteint depuis 1974.
Mais la Chine ne se contente pas de consommer sans apprendre à produire.
Elle a appris à fabriquer de l'acier en grande quantité, en améliorant la
qualité de sa production, jusqu'à devenir le premier producteur mondial en
l'espace de vingt ans, entre 1989 et 2009. Une production telle qu'elle peut
exporter et à bas prix. En Europe, la demande émanant d'Asie a ainsi
mécaniquement diminué, tandis que la crise financière de 2008 pesait sur les
commandes internes. Dans le secteur de l'acier, on a l'habitude de voir
fluctuer la demande, sur le moyen terme. « Ne nous trompons pas
d'analyse: il ne s'agit pas d'une crise du secteur de l'acier en Europe,
notre filière a tous les atouts pour se développer. Elle est simplement
temporairement affectée par une baisse conjoncturelle de la demande liée à
la crise financière », commentait le patron d'Eurofer (association du
patronat de la sidérurgie), fin 2009. L'Allemagne et l'Italie, qui n'ont
jamais abandonné ce secteur stratégique au privé, s'en tirent mieux
aujourd'hui. Mais, en France, c'est 90 % de la production qui appartient à
« des familles étrangères ou à des fonds d'investissement sur lesquels
l'État n 'a plus d'influence », déplore la Fédération des travailleurs
de la métallurgie (FTM) CGT, dans un dossier publié en juillet 2012, citant
l'exemple de la fabrication des rails de TGV à Hayange à 100 % aux mains de
l'indien Tata, tandis qu'ArcelorMittal produit 100 % des plaques spéciales
pour cuves de centrales nucléaires.
La France
sidérurgiste n'est pas laminée.
Elle représente
encore 24000 emplois directs.
Mais, en France, un Mittal ne laisse pas le temps au temps. « Alors que
la poursuite d'une politique forte de recherche et développement, et le
maintien d'une haute technologie des outils conditionnent l'avenir, les
décideurs sont plus intéressés par les investissements miniers, comme c'est
le cas d'ArcelorMittal », explique encore la CGT.
Effectivement, conséquence d'une demande un temps moins forte, les prix du
minerai ont flambé. Il est devenu plus rentable d'investir dans les mines
(charbon à coke, minerai de fer...) que dans les hauts-fourneaux, où les
salariés, concentrés sur les sites survivants, doivent produire toujours
plus avec de moins en moins de moyens. Malgré de multiples délocalisations
et abandons, la France sidérurgiste n'est pas laminée. Elle représente 24000
emplois directs et 31000 emplois indirects qui assurent 9 % de la production
européenne (derrière l'Allemagne et l'Italie), soit 1 % de la production
mondiale. La sidérurgie constitue « la base de notre activité
industrielle», démontre dans son dossier (disponible sur Internet) la
FTM CGT, qui n'a de cesse de réclamer sa mise sous « contrôle public avec
minorité de blocage », comme point d'appui à un développement
économique, social et environnemental durable en France et en Europe.
Laurence Mauriaucourt
(source: l'Humanité)
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