> Presse —>Marées humaines dans les rues espagnoles |
Vendredi 16 Novembre 2012 :
Marées humaines dans les rues espagnoles l'ampleur inédite de la grève générale d'hier révèle la montée de la colère contre le rationnement des dépenses publiques. Madrid (Espagne), envoyée spéciale. « La santé ne se vend pas », « L'éducation publique pour tous », « Stop aux expulsions »... Les confédérations syndicales et le Sommet Social, qui regroupe près de deux cents associations de la société civile, avaient prévenu : chaque conséquence de la crise est en soi un motif de mobilisation. Et le message est passé. Hier, l'Espagne a connu sa seconde grève générale en moins de huit mois. Une grève « totale » une « marée démocratique », comme l'a précisé le secrétaire général des Commissions ouvrières, Ignacio Fernandez Toxo, qui a fustigé cette « Europe, dirigée par les élites financières et le capitalisme néolibéral, qui conduit au suicide social, politique et économique » des États. Les pays était hier paralysé, avec 75 % de grévistes parmi les personnels. Le secteur de l'industrie était au point mort. Les centres hospitaliers et d'éducation, déjà mobilisés contre les réductions des dépenses publiques et les menaces de privatisation, ont respectivement suivi la grève à 56 % et 75 %. Seul le service minimum était assuré dans les transports. Le point d'orgue : la centaine de manifestations prévues dans les principales villes. « Les travailleurs ont suivi cette grève, dans une situation très difficile, avec presque 6 millions de chômeurs », a rappelé le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs, Candido Mendez. Une grève considérée comme « l'une des plus dures depuis le retour de la démocratie », selon l'expression de José Luis Centella, député et secrétaire général du Parti communiste d'Espagne, en raison du contexte de déliquescence sociale et de décomposition de l'État de droit : coupes budgétaires dans les services publics, suppression des prestations sociales, diminution des salaires, explosion du chômage et du travail intérimaire. Madrid a été quadrillé par un effectif policier disproportionné. Au moins 82 personnes ont été arrêtées et 34 ont été blessées, dont 18 policiers. Malgré les intimidations, cette nouvelle grève a été un succès et un franc désaveu pour le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, dont le prochain budget, amputé de 40 milliards, a été conspué. Les confédérations ont de nouveau exigé la tenue d'un référendum quant aux réformes d'austérité que l'immense majorité des Espagnols désapprouvent. Cathy Ceïbe (l'Humanité du jeudi 15 novembre)
|