> Presse —>Good bye America... |
Mardi 6 Novembre 2012 :
Éditorial Good bye America... Par Patrick Apel-Muller Pourvu qu'Obama soit élu… Comme l'immense majorité des Français, nous parions sur le moindre mal. Mitt Romney est la figure de proue d'un mouvement tel – qui mêle tous les visages les plus sinistres des États-Unis, les milliardaires les plus avides, les croisés religieux les plus archaïques, les racistes sans complexe, les amateurs de M 16 et autres flingues, des docteurs Folamour prêts à toutes les aventures – que tous ou presque nous espérons sa défaite. Nous avons déjà eu George W. Bush… quelles catastrophes planétaires pourrait à son tour semer un nouveau président républicain ? Pourtant, le cœur n'y est plus. Le premier président noir des États-Unis a déçu à la mesure des espérances qu'il avait suscitées. La pression des lobbies de l'argent, la mécanique de l'État ultralibéral, la crainte de cette partie de l'opinion qui bascule dans l'extrême droite l'ont fait flancher devant les obstacles. À l'échelle internationale, on peut lui savoir gré d'avoir retiré ses troupes d'Irak mais pas de ne pas avoir fermé Guantanamo, comme il l'avait juré. Il a de surcroît lâché ses « foudres de guerre », Sarkozy et Blair, sur la Libye avec des conséquences que nous n'avons pas fini de mesurer. En dépit des accents passionnés, du discours du Caire, le sort du peuple palestinien n'a pas progressé d'un millimètre et il a même laissé le sinistre Nétanyahou multiplier les colonies dans les territoires occupés. Son grand trophée, c'est la liquidation de Ben Laden. Pour garantir quels silences ? Le Pentagone continue à engloutir 46 % des dépenses militaires mondiales. Hélas, il n'a rien changé à l'ordre du monde. Les brasseurs d'argent qui avaient précipité la crise à Wall Street gèrent toujours les continents immenses de la spéculation. Certains ont même accédé à des fonctions politiques et étatiques de premier plan. Tandis que l'Amérique des ouvriers et des employés voit s'envoler le rêve de la petite maison individuelle, de la voiture ronflante et de l'électroménager rutilant, la corde des crédits étrangle toujours plus les milieux populaires. 25 % de la population vit désormais dans la précarité. Ce sont eux dont Mitt Romney ne veut pas. Quatre ans après l'élection, ils bénéficieront d'un embryon de sécurité sociale, mais si loin des promesses de campagne. La vision d'un pays postracial a elle-même jauni. Qui oserait encore dire que le capitalisme et l'hyperpuissance qu'incarnaient les États-Unis sont le fin du fin et même la fin de l'histoire ? Ils ont bonne mine, ceux qui proclamaient, dociles et conformistes : « Nous sommes tous américains ! » Sans rivale à l'échelle mondiale, cette société trahit une faillite éclatante. Qui fait-elle encore rêver, sinon quelques affairistes sans scrupule ? A cette Amérique, on peut dire good bye ! Mais il en est une autre qui tente de percer la gangue dans laquelle on a voulu l'enfermer. Des mouvements citoyens secouent des États entiers, les indignés de Wall Street ont empêché que la page soit trop vite tournée, un vrai progressisme prend corps, même s'il est électoralement étouffé par le système électoral bipartite. De nombreux syndicats s'émancipent des compromis boiteux qui les enlisaient et retrouvent de la combativité. L'espérance d'une nation réellement multicolore se fortifie dans la jeunesse. Si cette élection ne va pas inaugurer une ère de changement, on peut cependant lancer un « Good morning, América » ! (l'Humanité)
|