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Mardi 30 Octobre 2012 :
Éditorial Bétons armés… Par Michel Guilloux « On ne changera pas ce pays sans le peuple et encore moins contre lui. » Là est toute la question posée à la majorité gauche au pouvoir comme à toutes les forces qui ont permis la victoire de François Hollande et la défaite de Nicolas Sarkozy, il y a à peine cinq mois. Certains voudraient nous faire croire que cela fait déjà cinq ans… Et que les Français qui ont voté seraient déjà amnésiques. Sans mémoire, ce serait se tromper lourdement ; impatients, exigeants, dubitatifs, voire déçus, sans doute davantage. Personne n'a pensé voir son sort changer d'un coup de baguette magique. Mais lorsque l'on dit « le changement c'est maintenant », pareil engagement oblige. Il est donc heureux d'entendre, en ce mois d'octobre, le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste en appeler au peuple dans la région de Jaurès, voire se rappeler à son bon souvenir. Rien ne se fera en effet sans lui. Il n'y aura aucun changement en profondeur, aucune rupture avec la « rupture » ultralibérale de la parenthèse sarkozyste, sans un mouvement populaire d'ampleur. Et, disons-le : un nouveau front populaire. Harlem Désir l'a souligné hier à la tribune du congrès de la formation présidentielle, dénonçant « un nouveau mur du privilège et de la rente, comme l'on parlait hier du mur de l'argent, dressé pour faire obstacle à notre politique de justice sociale ». Là résident les deux autres questions d'ampleur. Hier, ils tenaient les rênes du pouvoir pour servir exclusivement les intérêts égoïstes de leur caste. Aujourd'hui, ils déploient des efforts d'une brutalité sans précédent pour peser sur les choix de la nouvelle majorité. À droite, c'est la course à l'extrême. Et du côté patronal, le Medef a déclenché un tir de barrage à l'artillerie lourde. De Laurence Parisot aux jeunes vautours déguisés en pigeons jusqu'à, hier encore dans les colonnes ouvertes avec complaisance par un titre du milliardaire Lagardère. Les 80 patrons des plus grands groupes industriels et financiers du pays montent en première ligne pour décliner le diktat posé depuis un an : tailler le pays et l'Europe aux normes anglo-saxonnes. Leur « tout pour le profit immédiat » n'est pas un « choc de compétitivité », mais une régression de société, voire de civilisation. Le nouveau locataire de la rue de Solférino défend jusqu'à des droits nouveaux pour les salariés. Le fait mérite d'être souligné. Hors les murs de la réunion toulousaine et à sa tribune même, on a évoqué les luttes des salariés de PSA, de Florange, de Technicolor, on a entendu les voix des Pilpa, des Sanofi, et de syndicalistes s'opposant à l'austérité, préfigurant l'appel à manifester lancé par les principales centrales syndicales françaises et européennes, le 14 novembre prochain. La voix des salariés et des citoyens doit s'étendre, et doit être aidée à se faire entendre face au concert des puissants qui soumettent le gouvernement à une pression sans précédent. La « politique de justice sociale », comme celle de la relance industrielle attendue par des millions de salariés, de chômeurs, de jeunes comme de retraités, appelle désormais des actes, des actes véritables, des actes forts. Les élus communistes et du Front de gauche au Sénat comme à l'Assemblée se sont, depuis la victoire de la gauche, déclarés prêts à soutenir tout ce qui irait dans le bon sens, refusant tout ce qui s'apparente à la retombée dans les ornières qui conduirait dans le mur, comme l'acceptation du traité d'austérité Sarkozy-Merkel. Ils ont déposé des propositions de loi contre les licenciements boursiers. Ils font des amendements aux orientations budgétaires qui vont dans le sens du changement promis aux Français. Alors, si l'on veut s'attaquer au mur du privilège et de la rente… (l'Humanité)
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