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Lundi 15 Octobre 2012 :
Printemps érable contre l'amiante Les associations de victimes du monde entier renforcent leur convergence, alors qu'au Québec les propagandistes du poison sont de plus en plus isolés… C'est tout un monde de douleur, de colère et de dignité qui a convergé ces derniers jours à Paris : vendredi, d'abord, quelques centaines, au palais du Luxembourg, pour une Journée internationale des victimes de l'amiante ; samedi, ensuite, 5000 manifestants environ, à l'appel d'Andeva, entre l'ancien siège du comité permanent amiante, le tristement célèbre lobby des industriels, avenue de Messine, et la place de l'Opéra (1). D'anciens ouvriers d'Éternit à Vitry-en-Charollais (Saône-et-Loire), des veuves de Dunkerque (Nord), des victimes et leurs proches venus des quatre coins de l'Hexagone, mais aussi des habitants de Casale Monferato, dans le Piémont italien, des Belges, des Néerlandais, des Espagnols, des Brésiliens, des Australiens, des Japonais, des Coréens, des Indiens, des Canadiens, etc. Au cœur de cette mobilisation largement inédite jusqu'ici, la coordination de plus en plus étroite des mouvements de victimes de l'amiante à l'échelle planétaire. Pour Bruno Pesce, représentant des victimes piémontaises qui ont pu applaudir, en début d'année, la première condamnation au pénal des grands patrons d'Éternit, il s'agit, « face au poids des multinationales de l'amiante », de « construire en quelque sorte une multinationale des victimes afin d'obtenir l'interdiction mondiale de ce poison ». Michel Parigot (Andeva) va dans le même sens : « Notre objectif, c'est d'être aussi efficaces pour obtenir l'éradication de l'amiante dans le monde que l'ont été les industriels pour l'installer partout sur la planète ! » L'hypocrisie des gouvernements Les associations du monde entier, réunies à Paris, entendent obtenir l'interdiction mondiale de l'amiante, assister aux procès de leurs empoisonneurs, améliorer les soins et œuvrer pour l'indemnisation de toutes les victimes. « Les législations interdisant l'amiante commencent à se multiplier sur la planète », se félicite l'activiste britannique Laurie Kazan-Allen. Après les années Lula qui ont vu, regrette l'inspectrice du travail Fernanda Giannasi, « le premier syndicat élu à la tête de l'État soutenir, hélas, massivement, l'industrie de l'amiante », le tribunal suprême du Brésil pourrait, le mois prochain, prononcer l'éradication de la poussière empoisonnée. Longtemps « au cœur de la machine propagandiste en faveur des bienfaits de l'amiante », selon l'expression de la militante Kathleen Ruff, le Canada et le Québec, en particulier, paraissent aujourd'hui vaciller : « Le vent tourne, même chez nous, témoigne le député Pat Martin. Les pouvoirs publics refusent désormais de financer la désinformation mondiale sur les dangers de l'amiante. » En Asie et dans les pays du Sud, la situation demeure préoccupante du fait du « double standard » qui permet aux industriels de continuer d'exporter vers les pays en voie de développement. L'Indien Mohit Gupta dénonce l'hypocrisie des gouvernements : « Mon pays a interdit l'amiante, il y a une vingtaine d'années, mais on continue d'exporter massivement vers le Népal… » Et le Coréen Ye-yong Choï de pointer : « Beaucoup de pays occidentaux ont interdit l'amiante, c'est sûr, mais il y a également de nombreux pays, notamment en Asie, qui ont augmenté leur consommation. Il nous faut travailler de manière plus systématique et stratégique pour diminuer la consommation, à l'échelle du monde entier. » Thomas Lemahieu (1) La sénatrice communiste Michelle Demessine était présente dans le cortège, en compagnie du conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, Éric Corbeaux. La veille, au Sénat, Annie David, sénatrice PCF, et Christian Hutin, député PS, avaient participé aux échanges sur le sujet. (l'Humanité)
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