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Mercredi 3 Octobre 2012 :

 

Éditorial

Grosses ficelles…

Par Michel Guilloux

Oui, comme l'écrivait hier matin notre estimé confrère du Figaro, il est des ficelles qui sont un peu grosses. Ainsi de Bruno Le Maire. L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, initiateur du traité européen d'austérité avec Angela Merkel, contre lequel des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Paris, juge cette manifestation « compréhensible ». Sûr que si sont mentor n'avait pas été battu en mai dernier, il aurait été en tête du cortège. « Grosse ficelle », estime donc l'éditorial du Figaro à propos du projet de budget 2013. L'auteur évite la dentelle en qualifiant le projet de taxer les revenus du capital au même taux que ceux du travail de « double peine », avant de sortir son bréviaire en catéchisme néolibéral à propos de ces audacieux qui « prennent le risque d'investir dans une entreprise en achetant des actions, puis d'accompagner son développement ». Voilà ce qu'est « participer au financement de l'économie ». La messe est dite. Et elle le vaut celle en latin.

Mais voilà, depuis la Lorraine et jusqu'à son siège de Saint-Denis, un vrai casse-cou du « financement de l'économie »., comme le rêve le quotidien des beaux quartiers de France. Que d'actions n'a-t-il achetées. Quel développement ambitieux n'a-t-il insufflé. Le PDG d'ArcelorMittal, ami du président des riches sorti, annonce la fermeture de ses hauts-fourneaux lorrains. La 21e fortune mondiale a donc pressé le citron, reçu des dizaines de millions d'euros de fonds publics, pour engraisser ses profits personnels en toute impunité sous le précédent pouvoir. Au passage, la mise à l'arrêt de ses hauts-fourneaux en Europe lui permet de spéculer sur le marché des « droits à polluer ». Les excédents de quotas de CO2, ainsi dégagés lui ont rapporté quelque 211 millions d'euros de recettes supplémentaires en 2011, dont 11 millions rien que pour le site de Florange…

Il n'y a pas de petits profits.

ArcelorMittal est conseillé par Goldman Sachs, cet empire financier en partie responsable de l'explosion de la crise financière et qui, aujourd'hui, guide, par ex-dirigeants interposés placés aux postes clés, la purge imposée aux peuples grec et européens avec la complicité de la Commission européenne. Ladite Commission, à propos de CO2,, refuse jusqu'à présent de soutenir le projet de relance du site de Florange qui en ferait un site pilote en Europe d'« acier propre ». Pas de CO2, pas de profit pour les Mittal et consorts.

La ficelle est grosse ? De plus en plus. Une majorité de Français, comme les dizaines de milliers de manifestants de dimanche, n'ont pas voté François Hollande au second tour de l'élection présidentielle pour aujourd'hui partager, de la droite au Figaro, du grand patronat français et européen aux puissances financières et eurocratiques, la nostalgie de la défaite du précédent hôte de l'Élysée. Et ce n'est pas en se corsentant dans le traité taillé sur mesure pour les accapareurs de ce siècle par Sarkozy et Merkel que la puissance publique trouvera la force de leur tenir la dragée haute. Face à ces forces mobilisées comme jamais, face a ces pouvoirs colossaux, la force du nombre demeure celle de leurs victimes qui sont aussi celles et ceux dont le travail est détourné, voire sacrifier, pour assurer les rendements exorbitants des mangeurs de dividendes.

(l'Humanité)

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