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Lundi 17 Septembre 2012 :
Éditorial La douce loi des hommes Par Patrick Apel-Muller Il est des crus de qualité, même les années de faibles récoltes. L'édition 2012 de la Fête de l'Humanité a pour sa part connu une affluence exceptionnelle, et une force qui lui promet de marquer durablement la vie du pays. Durant ses trois jours, la mobilisation contre le traité d'austérité européen et en faveur d'un référendum à pris une accélération qui imposera le débat à l'échelle nationale. L'étape suivante du 30 septembre, avec la manifestation nationale à Paris, va y puiser son élan. Au fil des débats, s'est également structurée l'ambition de mener à bien « la bataille du changement », de sortir les réformes progressistes des enlisements où elles risquent de s'enfoncer, d'imposer la primauté des revendications populaires sur les oukazes des marchés financiers. La manifestation des entreprises en lutte, qui a rythmé les allées de la Fête, samedi après-midi, était à cette image. Déterminée, constructive, exigeante. À bon entendeur, salut, pour ceux qui escomptent que la déception ou les poids morts de la fatalité cloueront sur place les aspirations au changement. Les météorologues politiques auront constaté qu'il faisait beau dans les allées de la plus grande fête populaire d'Europe... Le peuple de gauche était dans les allées de La Courneuve, même si certains de ses ténors avaient choisi de s'abstenir. Les absents ont toujours tort et la confrontation des points de vue s'est déroulée sans eux. Les participants à la Fête auront constaté de visu que le Front de gauche, après la poussée de croissance de l'élection présidentielle, continuait à se consolider et à se fortifier. Le choix d'un développement durable... Et puis, comment dire le plaisir d'entendre Patti Smith, New Order ou Thiéfaine, la découverte d'un peintre, la convivialité des repas aux couleurs de la France et du monde, les rencontres inattendues entre des associations, des syndicats, des artistes, des militants ? Durant trois jours, dans un monde déchiré par les plus féroces appétits de profit, les guerres au long cours, les fanatismes meurtriers, un autre versant de l'humanité s'épanouissait, celui dont Paul Éluard écrirait : « C'est la douce loi des hommes de changer l'eau en lumière, le rêve en réalité. » (l'Humanité)
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