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Vendredi 7 Septembre 2012 :
Le non de gauche rassemble ses forces L'opposition au pacte budgétaire européen et à l'austérité a gravi une nouvelle marche, mardi soir. Pour la première fois, un collectif, regroupant plusieurs dizaines d'organisations, s'est réuni pour envisager de mettre en commun les initiatives, et d'aller plus loin encore que la simple contestation du traité... Il y avait, mardi soir, de quoi retrouver de bien bons souvenirs pour les militants et responsables politiques, syndicaux et d'associations, réunis au Centre international de culture populaire. À l'initiative d'Attac, ils étaient près d'une cinquantaine à se rassembler pour envisager de mener campagne contre le pacte budgétaire européen. Tous, ou presque, se connaissent bien. On s'appelle par son prénom, on prend des nouvelles. Il faut dire qu'on y trouve beaucoup de noms et de sigles qui se rassemblaient déjà en 2005 dans les collectifs qui menaient campagne pour le non au traité constitutionnel européen. Depuis, quelques-uns ont disparu, d'autres sont arrivés. Ce mardi soir, ce sont les organisations membres du Collectif pour un audit citoyen de la dette qui sont appelées à se retrouver. On y voit les piliers de la campagne du non en 2005 : Attac, PCF, Parti de gauche, Fondation Copernic, NPA. Des syndicats aussi en sont membres, à l'instar de la CGT, de la FSU ou de l'Union syndicale Solidaires. Et puis, surprise, on croisait mardi soir quelques nouveaux venus : l'Unef, le Mouvement des jeunes socialistes, Europe Écologie-le Verts, des personnes issues des rangs des Indignés... L'ouverture la plus large est recherchée et revendiquée. « Il est très important que ressorte de notre réunion la dimension très ouverte de notre structure », souhaite Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Pour cela, on acte ce que tous les participants ont en commun. Ce qui pourrait diviser n'a pas sa place. Faut-il exiger un référendum ? Beaucoup pensent que oui, mais si, par exemple, « le Front de gauche portera l'exigence d'un référendum, on ne veut pas exclure ceux qui portent autre chose », explique Francis Parny, lui aussi du PCF. Tous sont d'accord pour rejeter le traité, cela suffira à rassembler. Premier acte d'une bataille collective Certains mêmes ne porteront pas le même engagement contre le pacte. Rama Sall, secrétaire national du MJS (qui avait pris position contre le pacte budgétaire) l'explique : « C'est difficile pour nous de participer à des actions pour appeler à voter contre le traité, par ce que l'on n'est plus dans ce temps-là. On est dans le temps de la construction d'un autre modèle. » Plus tôt, Thomas Coutrot, président d'Attac, avait placé le collectif dans un « processus de construction à moyen terme d'un rassemblement pour résister à l'austérité ». La bataille contre le pacte budgétaire sera le premier acte d'une batterie collective plus longue contre les politiques socialement désastreuses qui se propagent comme la gangrène en l'Europe, parce que « le vote du pacte n'est qu'une première étape dans les politiques d'austérité ». « Il était important pour nous qui n'y ait pas de casus belli et que l'on puisse rejoindre le mouvement à n'importe quel moment », se réjouit Rama Sall. La majorité de la salle, pour autant, semblait bien vouloir mener bataille contre le pacte budgétaire, comme Éric Coquerel, secrétaire national du PG, pour qui, « on se mobilise pour gagner ! ». Même s'il note « la difficulté que nous avons tous à mobiliser sur la question du pacte. C'est moins évident qu'en 2005 ». À l'époque, le débat existait chez les citoyens, porté par les campagnes des pro et des anti-constitution européenne. Cette fois, pour Thomas Coutrot, « le travail d'éducation, de sensibilisation, d'information reste à faire ». Mais, reprend Coquerel : « On ne sait pas comment sera perçu ce traité fin septembre, c'est-à-dire juste avant le vote. La récession peut évoluer plus vite que prévu et les consciences avec. » « On est d'accord sur l'essentiel », note Pierre Khalfa, de la Fondation Copernic. Reste à organiser les initiatives, tâche jamais aisée dans un cadre unitaire. L'idée de multiplier les réunions publiques et autres initiatives locales ne fait pas débat. Celle d'une grande manifestation à Paris, un peu plus. Difficile, surtout, de lui fixer une date, entre les exigences des uns, un calendrier européen serré et des initiatives militantes déjà engagées et avec lesquelles il faut éviter d'interférer. Les syndicats, de leur côté, ne peuvent pas s'engager sans mandat de leurs exécutifs. Une nouvelle réunion est donc fixée « très vite », à vendredi. La nature et la date de l'initiative envisagée y seront décidées. Après, tout le monde partira en campagne, avec ses propres revendications, mais dans l'unité. Adrien Rouchaleou (l'Humanité)
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