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Mardi 4 Septembre 2012 :

 

Éditorial

Le pari de la mobilisation

Par Patrick Apel-Muller

La droite obnubilée par l'affrontement des ambitions qui veulent en prendre la tête, c'est le Medef qui s'est institué en état-major de l'opposition. Démonstration lors de son université d'été... Le patriotisme économique ? Récusé. La justice fiscale ? Combattue. La baisse de la rétribution du travail ? Exigée. En revanche, les grands patrons français décernent un satisfecit au gouvernement qui envisage de faire adopter le traité budgéter européen. Ce texte leur va comme un gant et ils y voient le cheval de Troie grâce auquel ils pourraient franchir les murailles des droits sociaux en Europe. Cela devrait faire réfléchir tous ceux qui veulent s'affranchir de la souveraineté populaire pour instituer la règle d'or, ou plus exactement la règle de l'or. Elle donnerait les pleins pouvoirs aux marchés financiers. Alors que la France vient de dépasser les 4,733 millions de demandeurs d'emploi, chacun voit ce que pareille démission entraînerait de récession et de difficultés décuplées pour les familles populaires. Un peu plus de trois mois après la défaite de la droite, l'heure n'est pas à baisser les bras, ni à regarder passer un train qui finirait en train-train. Un pari sur l'échec du gouvernement Ayrault serait aussi mortifère que les architectures politiciennes qui misent sur les premières années de vaches maigres. Les urgences sociales pressent à la porte. Il faut les faire entendre et les faire prévaloir.

Des mobilisations sociales commencent à marquer des points. C'est à ce compte qu'il faut mettre le maintien de la charge de travail de PSA à Sevelnord ou encore la réception des Fralib à l'Élysée et la tenue d'une nouvelle table ronde afin qu'il récupère la marque Éléphant que veut liquider Unilever. Mais cela ne suffit pas. L'interdiction des licenciements boursiers, l'obtention de droits nouveaux pour que les salariés puissent protéger et développer les activités de leurs entreprises, un système de sécurité professionnelle associé à de nouvelles possibilités de se former doivent être obtenus. Il aussi la justice fiscale, celle-là même qui met en émoi les amis de Laurence Parisot. En effet, « plus on veut, mieux on veut », écrivait Baudelaire. Cela vaut pour la gauche en cette rentrée.

C'est cette musique-là que le Parti communiste a fait entendre ce week-end lors de son université d'été. « Le changement devra être conquis par la mobilisation », a insisté Pierre Laurent. La Fête de l'Humanité les 14,15 et 16 septembre sera le creuset où se forgent les résolutions de la gauche, le lieu de débat avec toutes ses composantes, avec des ministres, des députés, des syndicalistes, des responsables associatifs, des militants et d'autres qui ne le sont pas. Les salariés des entreprises en lutte y ont rendez-vous, mais aussi des intellectuels, des artistes, des acteurs des mouvements progressistes dans le monde... Quand on est de gauche, on est à la Fête de l'Huma, disait l'an dernier des porte-parole de différentes forces politiques. Et quand on ne l'est pas, cela vaut le coup de s'immerger dans une des belles facettes de l'exception française.

(l'Humanité)

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