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Vendredi 31 Août 2012 :

 

Pour aller à l'école, il va falloir payer

Alors que l'accès gratuit à l'éducation est inscrit dans la Constitution, plusieurs départements renoncent à financer en totalité les transports scolaires. L'exemple du Loiret.

Orléans,

correspondance.

Pour les familles du Loiret qui vivent en milieu rural, cette rentrée des classes 2012 s'annonce sonnante et trébuchante. Leur conseil général dirigé par l'UMP vient, en effet, de revenir sur la gratuité des transports scolaires. Désormais, toutes les familles sont invitées à participer à l'effort de guerre, quels que soient leurs revenus. « Une véritable injustice » pour les représentants des parents d'élèves. « Nous avons lancé une pétition qui, malgré la période estivale, a déjà récolté près d'un millier de signatures », explique Vincent Bouchot, président de la FCPE 45. « Ce qui est intéressant, c'est que de nombreux parents accompagnent leur signature d'un témoignage évoquant leurs difficultés concrètes. »

7 % de l'enveloppe globale allouée au transport scolaire

Au conseil général, on argue de nécessaires économies. « La participation des familles représentera 7 % de l'enveloppe globale allouée au transport scolaire qui est de 20 millions d'euros », détaille Étienne Brun, chef du service transports du département. « Et en contrepartie, les élèves pourront utiliser l'ensemble du réseau toute l'année scolaire durant. » Une compensation qui ne satisfait pas Bruno Bugelli, père de deux lycéennes et habitants de Loury, une commune située à 25 kilomètres au nord d'Orléans. « La fréquence des cars est telle, notamment pendant les vacances scolaires, qu'elle n'encourage pas du tout à privilégier ce mode de transport. Si nous voulons nous déplacer en famille, nous sommes obligés de prendre la voiture. » Alors qu'il vient de perdre son emploi, Bruno va devoir débourser 300 euros par an pour maintenir ce service géré par un consortium d'entreprises privées. « Ce nouvel abonnement équivaut précisément à mon imposition sur le revenu. C'est donc l'équivalent d'un impôt déguisé. »

Concrètement, les familles doivent régler une note annuelle de 200 euros pour un lycéen, 120 pour un collégien et 80 pour un écolier. « Pour un deuxième enfant, les parents paieront moitié moins et nous appliquons une décote de 30 % pour les élèves boursiers », souligne Étienne Brun. « Et pour le troisième enfant et les suivants, la prise en charge est gratuite. » Au-delà de cette mesure, c'est la question du quotient familial dans sa globalité que la FCPE souhaite mettre en avant. « Il faut que le conseil général pratique cette règle et qu'il continue d'assurer la gratuité pour les familles les plus modestes », réclame Vincent Bouchot. « Rendez-vous compte que le quotient familial n'est même pas appliqué sur les cantines des collèges qui dépendent également du département... »

L'unique école communale qui ferme ses portes

Le militant pointe aussi l'effet « double peine » que constitue cette mesure : « Certaines familles habitent en zone rurale parce qu'elles ne peuvent pas assumer un loyer en centre-ville. Elles ont souvent vu l'unique école communale fermer ses portes et aujourd'hui, on demande à ces familles pauvres de payer pour le car scolaire ou de prendre leur voiture ! On ne pourra pas continuer comme cela longtemps. »

Joseph Korda

(l'Humanité)

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