> Presse  —>L'oubli des bonnes résolutions...

 

Mercredi 22 Août 2012 :

 

Éditorial

L'oubli des bonnes résolutions...

Par Patrick Apel-Muller

Toutes les bonnes résolutions ne résistent pas au cap des cent jours. Ainsi, le gouvernement vient-il, nous annoncent les Échos sans être démentis, de renoncer à réduire fortement la monstrueuse facture des allégements de cotisations consentis aux entreprises, au minimum 19,7 milliards d'euros qui ont manqué aux comptes publics en 2011. Il ne s'agissait pourtant pas d'une révolution fiscale mais simplement d'abaisser de 1,6 Smic à 1,5 Smic le plafond des allégements de cotisation sur les bas salaires. Rien que cela rapportait 3,3 milliards. Ce cadeau devait conduire à de nombreuses créations d'emplois, assuraient les experts patronaux et leurs correspondants à la direction générale des finances ; nous voyons ce qu'il en est... En revanche, le maintien de ce dispositif fonctionne comme une incitation à maintenir les salaires au plus bas, au détriment de la formation et de la qualification qui font l'efficacité d'une économie développée.

« Allégements de charges : les entreprises évitent le pire », claironnait vendredi le quotidien patronal. Un petit bémol cependant pour le Medef. L'intéressement et la participation que de temps en temps de grandes sociétés substituaient aux augmentations de salaire – l'épargne salariale a doublé en dix ans alors que la masse salariale n'a augmenté que de 40 % - pour éviter de régler des cotisations seront désormais intégrés à l'assiette des rémunérations.

Tandis qu'on attend toujours la proposition de loi antilicenciements, voilà que le gouvernement baisse la garde sur un dossier emblématique. Les inquiétudes qui se manifestent dans les rangs du Front de gauche, d'EELV et même au sein du Parti socialiste ne témoignent pas d'une impatience. Mais pour relever les défis auxquels nous confronte la crise, concocter verveines et camomilles ne suffira pas. L'expérience le prouve : il serait bien illusoire de compter sur la bienveillance des fonds rapaces qui, aujourd'hui, spéculent sur l'alimentation mondiale, ou la bonne volonté de Laurence Parisot ou d'Angéla Merkel. Ce n'est pas en se laissant passer les menottes budgétaires par la chancelière allemande et la camarilla de la Commission européenne, en vendant la souveraineté des peuples d'Europe pour le plat de lentilles du pacte de croissance bâclé les 28 et 29 juin, qu'on trouvera la force de résister aux marchés financiers et les moyens de redresser les économies chancelantes de notre continent. C'est, au contraire, en pariant sur des dynamiques populaires, celle que porterait un référendum sur le traité européen, que le gouvernement français puiserait la force de résister à la pression de la finance et de faire entendre ce qui résonne dans les rues des principaux pays européens. D'immenses besoins se font sentir ; nos sociétés créent des richesses considérables ; à nous de les mobiliser utilement.

(l'Humanité)

  haut de page