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Jeudi 5 Juillet 2012 :

 

Éducation

Le casse-tête des auxiliaires de vie scolaire

Le ministre de l'Éducation nationale doit préciser aujourd'hui le sort réservé aux milliers de personnels précaires devenus indispensables dans l'aide aux enfants handicapés.

Une fois de plus, Vincent Peillon est attendu au tournant. Le ministre de l'Éducation nationale doit préciser aujourd'hui, lors du Conseil des ministres, le sort réservé aux milliers d'« emplois de vie scolaire » et « auxiliaires de vie scolaire » (EVS-AVS), ces personnels contractuels chargés d'apporter une aide à la direction d'école ou encore d'accompagner les élèves en situation de handicap.

Alors qu'ils sont embauchés en contrat aidé, sous statut privé, la durée de leur mission varie de six mois à deux ans. Ensuite ? La plupart sont remerciés et retournent à la case Pôle emploi, tandis que de nouveaux contrats aidés sont signés... Une situation de précarité dénoncée depuis des années par les syndicats qui évoquent un véritable « gâchis ». « Ces personnels qui effectuent des missions importantes ont une réelle expertise, souligne le SE-Unsa. L'absence d'un renouvellement de contrat contraint les écoles et établissements à recruter des personnels non formés. »

Début juin, plusieurs syndicats se sont donc adressés à la Rue de Grenelle pour réclamer une « mesure générale de prolongation » alors que près de 14 000 contrats aidés EVS-AVS doivent arriver à échéance d'ici à septembre prochain. Une requête entendue par Vincent Peillon, qui a promis la semaine dernière des mesures pour réemployer ceux qui ne sont pas en fin de droits. Il devrait préciser cela aujourd'hui. Hier, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a confirmé, en outre, le bruit qui courait d'un recrutement « de 1500 auxiliaires de vie scolaire individuels » dès la rentrée 2012 pour prendre en charge les élèves handicapés.

Le problème demeure, la précarité des personnels

« Au niveau de la prise en charge des enfants handicapés, on arrive à un nombre de personnels de plus en plus satisfaisant, souligne, Emmanuel Guichardaz, secrétaire national du Snuipp-FSU. Mais le problème demeure, celui de la précarité, de ces personnels. Tant qu'on s'appuie sur des contrats aidés, chaque année, le problème va se reposer. » Le Snuipp-FSU réclame l'ouverture de discussions sur la création de nouveaux métiers nécessaires au fonctionnement de l'école. « L'accompagnement des enfants en situation de handicap ou l'aide à la direction d'école doivent se traduire par des emplois pérennes et qualifiés », estime Emmanuel Guichardaz, qui rappelle que François Hollande avait adhéré, pendant la campagne, à l'idée d'une « professionnalisation » de l'accompagnement des élèves handicapés.

Une réflexion nécessaire. Ces contrats aidés coûtent cher à l'État, notamment devant les tribunaux. « À l'origine, ces emplois aidés devaient être assortis d'une formation pour permettre, à la sortie, une réelle insertion vers l'emploi, souligne François-Xavier Durand, de la CGT Éduc'Action. Or l'éducation nationale n'a pas tenu ses obligations. » Résultat : depuis 2009, des centaines d'AVS-EVS ont déposé des recours et obtenu à chaque fois gain de cause devant les prud'hommes, qui requalifient les contrats en CDI et condamnent l'État à payer des indemnités pour rupture « sans causes réelles ni sérieuses ». À Rouen, 81 ex-salariés ont ainsi récolté près de 10 000 euros chacun ! Bref, pérenniser des emplois n'est pas forcément la solution la plus coûteuse...

Laurent Mouloud

(l'Humanité du mercredi 4 Juillet)

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