> Presse  —>André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme

 

Mercredi 4 Juillet 2012 :

 

« Nous sommes sur un ton de proposition, non d'inquisition »

André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme et président du groupe GDR, explique l'abstention des députés du Front de gauche.

Entretien

Quel sens donnez-vous à votre décision de vous abstenir de voter la confiance au gouvernement ?

André Chassaigne. D'abord rappeler que nous voulons que la gauche réussisse. Il y a eu une volonté de changement qui s'est exprimée de façon massive dans les élections et qui doit aujourd'hui aboutir à une amélioration réelle de la vie quotidienne. Et cela ne passe pas, par des mesures d'austérité, qui aggraveraient le sort des habitants de notre pays. Nous voulons aussi exprimer notre détermination à faire des propositions, émettre un vote tranquille pour essayer de montrer à quel point le gouvernement fait fausse route. Nous sommes sur un ton de proposition et non un ton d'inquisition.

Quelles formes prendront ces propositions alternatives ?

André Chassaigne. Nous allons retravailler des propositions de loi que nous avions déjà développées, lors de la mandature précédente, comme celle sur le partage des richesses. Nous voulons cependant leur donner une dimension beaucoup plus populaire. Qu'elles soient le fruit d'un bouillonnement démocratique, qu'il y ait derrière nous des centaines de milliers de personnes qui se mobilisent. Il se pourrait que très rapidement le mécontentement grandisse. Pour nous, il faut qu'il soit porteur de propositions nouvelles. Une intervention populaire s'imposera très vite pour que la politique mise en place aille dans le bon sens.

Avez-vous un exemple de ces « contre-propositions » ?

André Chassaigne. Au niveau de l'Europe, nous ne sommes pas favorables à l'adoption du traité « Merkozy ». Nous pensons que ce serait une erreur de se placer dans un carcan. Et le fameux « Pacte de croissance » n'est rien par rapport à cela. C'est une forme d'accompagnement pour ne pas dire un placebo : sa force juridique sera très limitée, son montant aussi, pris sur des dépenses qui étaient à 50 % déjà actée. C'est donc une erreur pour répondre à la crise mais cela relève aussi d'un problème démocratique. Le premier ministre a annoncé vouloir faire adopter rapidement ce pacte par le Parlement. Nous pensons, pour notre part, que ce n'est pas suffisant. Nous sommes pour un référendum : les citoyens sont concernés au premier chef, ce sont eux qui en vivront au quotidien les conséquences.

Est-ce que ce vote aura des implications sur le rôle du groupe au sein de la majorité ?

André Chassaigne. C'est un positionnement cohérent avec notre choix de ne pas participer au gouvernement. On est pour le bien commun, pour l'intérêt général. Nous avons toujours dit que nous soutiendrons ce qui ira dans le bon sens et nous critiquerons ce qui ira dans le mauvais. C'est un positionnement d'autonomie qui n'est pas fait pour diviser mais pour construire. Cela préfigure ce que nous ferons durant toute la mandature. Nous expliquons tranquillement notre point de vue. Nous faisons des propositions alternatives. Ce serait une erreur de notre part de nous aligner aveuglément pour suivre un chemin qui ne nous semble pas être le bon.

Entretien réalisé par Adrien Rouchaleou

(l'Humanité)

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