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Lundi 18 Juin 2012 :

 

Une représentation très déséquilibrée des forces

Alors que la victoire de la gauche n'aurait pas été possible sans l'apport de toutes ses composantes, le PS se taille la part du lion.

C'est le grand paradoxe des élections législatives qui viennent de s'achever, hier soir. Alors que la majorité de gauche qui a été élue, hier soir, a eu besoin de l'apport des voix de toutes ses composantes sans lesquelles la victoire n'aurait pas été possible, la composition de la nouvelle Assemblée nationale s'annonce comme l'une des plus bipartisanes qu'ait connues la Ve République. Les socialistes et leurs alliés du premier tour (PRG, MRC et divers gauche) devraient obtenir une large majorité, ne laissant que les miettes aux autres composantes qui n'ont pourtant pas démérité.

Parmi eux, le Front de gauche fait tout particulièrement les frais d'un mode de scrutin majoritaire qui fait fi de toute représentation équitable, couplé à une présidentialisation accrue de la vie politique qu'à encouragée l'inversion du calendrier électoral en vigueur depuis 2000. Avec 6,91 % des voix au premier tour (34,4 % pour le PS et ses alliés), et en dépit d'un progrès de 2,6 points sur le résultat du PCF en 2007, ses candidats n'étaient plus présents que dans 11 circonscriptions sur 577 au second tour – sans compter le duel à gauche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) -, compliquant ses espoirs de former un groupe (le seuil nécessaire est aujourd'hui de 15 députés). Sous réserve d'un calcul plus précis à la lumière des résultats définitifs, dans les jours qui viennent, il apparaissait hier qu'il faut, pour le Front de gauche, réunir environ six fois plus de voix que le PS au premier tour, pour faire élire un député ! Comment peut-on parler de scrutin équitable dans ces conditions ?

Et le Front de gauche n'est pas seul concerné. Europe Écologie-les Verts (EELV), malgré un accord électoral avec le PS dès le premier tour devant une soixantaine de circonscriptions, n'obtiendra pas non plus, loin s'en faut, une représentation équivalente en sièges aux 5,46 % récoltés au premier tour.

Si la première tâche de la nouvelle majorité devra donc être de permettre à ces composantes de pouvoir former un groupe pour pouvoir faire entendre leurs voix dans l'Hémicycle, en abaissant le nombre de membres requis pour y parvenir si nécessaire, la réflexion doit aussi s'engager sans tarder sur une réforme des institutions et des modes de scrutin, comme s'y est d'ailleurs engagé François Hollande. Sauf à se résoudre à voir les citoyens se détourner de plus en plus massivement d'élections pourtant majeures comme les législatives, mais dévalorisées à leurs yeux, comme l'a montré le niveau historique d'abstention aux deux tours de scrutin.

S. C.

(l'Humanité)

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