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Mercredi 13 Juin 2012 :
Éditorial Changement, urgence Par Michel Guilloux Durant les cinq ans de pouvoir de Nicolas Sarkozy, les choix opérés ont nourri la crise économique et sociale, elle-même aggravée par le gâchis de ressources financières détournées de la réponse aux besoins de la nation pour une spéculation sans frein, qui ont abouti à une dette sans précédent. Le néopétainisme du candidat président de l'UMP, annoncé par le discours de Grenoble et attisé jusqu'à l'incandescence à la fin de la présidentielle, a ouvert les digues, à partir d'un pari à haut risque pour la démocratie tout entière : l'utilisation des thèmes du FN pour lui disputer le terrain de l'électorat populaire de droite que lui a ravi ce dernier. Le niveau atteint par l'ex-parti majoritaire dimanche soir aurait pu le conforter dans son rôle d'opposition. Les choix idéologiques qui ont été retenus laissent apparaître des craquements sinistres pour l'après. Arnaud Montebourg résumait peut-être le mieux la situation hier : « Sur le terrain, la stratégie de l'UMP, c'est une stratégie de recherche d'alliance sans le dire (avec le FN). Pourquoi ils ne peuvent pas passer d'alliance ? Parce que l'électorat modéré, du centre droit, n'accepte pas les valeurs du Front national. » On laissera donc un Alain Juppé à son piteux ralliement, hier matin sur France Inter, à la ligne officielle du moment allant jusqu'à cracher sur la force républicaine de gauche que sont le Front de gauche et ses composantes. En attendant, les électeurs se sont majoritairement prononcés pour un changement profond de politique. La gauche sera majoritaire dimanche. L'amputation du nombre d'élus communistes et d'autres composantes du Front de gauche n'est pas une bonne nouvelle non plus pour la démocratie. Elle ne rend que plus indispensable que les mesures prises soient à la hauteur des attentes. Elle ne rend que plus urgente, pour les forces et constructions politiques qui veulent rompre avec le corset ultralibéral qui entraîne pays et Union européenne dans une spirale de déclin et d'austérité, un devoir d'inventivité, d'énergie et de présence, avec ceux qui ont désiré ce changement dans les urnes, ceux qui ont le plus intérêt, dans les quartiers, dans les entreprises, avec toutes les forces de terrain qui voudront s'y joindre. Une démarche qui ne se calque pas sur les calendriers électoraux subis mais qui est la seule qui contribuera à ce que la gauche ne cède pas devant la pression conjointe des forces de l'argent et de ses partis. Sinon, la déception ouvrirait la porte au pire de la décomposition politique. (l'Humanité)
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