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Mercredi 23 Mai 2012 :
« Trouver une solution européenne » Alexis Tsipras est le leader de Syriza, la coalition de la gauche radicale grecque qui a obtenu 16,8 % lors du scrutin législatif du 6 mai, il était à Paris lundi, à l'invitation du PGE. Alexis Tsipras, chef du groupe parlementaire de Syriza, et qui pourrait si l'on en croit les sondages, se voir demander par le président de la République grecque Carolos Papoulias de former le prochain gouvernement grec après les élections législatives anticipées du 17 juin, était à Paris lundi, invité par le Parti de la gauche européenne présidé par Pierre Laurent. Au sortir d'un meeting pluvieux du Front de gauche, auquel ont assisté quatre-cents personnes, il a répondu aux questions de l'Humanité. Il y a un Conseil européen extraordinaire ce mercredi. Quel message devrait adresser, selon vous le premier ministre grec ? Alexis Tsipras. Il devrait demander aux dirigeants européens de respecter la volonté du peuple grec telle qu'elle s'est exprimée. Cette volonté est très simple : il faut arrêter les politiques d'austérité. Pour que s'arrêtent ces politiques d'austérité, qu'est-ce qui doit changer en Europe ? Alexis Tsipras. Il faut partir du constat de base : ces politiques conduisent à l'échec. On doit trouver les moyens d'une politique européenne commune, fondée sur la démocratie, la cohésion sociale et la croissance. Quels instruments financiers peut-on avoir pour mener à bien une telle politique ? Alexis Tsipras. Il s'agit d'avoir une négociation multilatérale, à l'échelle européenne, sur la structuration de la dette publique. Car cette dette n'a pas été produite par les peuples. Elle est la conséquence de la spéculation et de l'action des marchés financiers contre les peuples. Syriza souhaite rester dans l'Union européenne (UE) et dans la zone euro. C'est au nom de ce maintien que sont réclamées des politiques d'austérité. En quoi l'UE est-elle nécessaire à un gouvernement qui refuse les politiques d'austérité en Grèce ? Alexis Tsipras. Premièrement, nous ne voulons pas de la compétition et de la concurrence entre les peuples européens. Nous pensons que la guerre qui est menée aujourd'hui n'est pas une guerre entre les peuples, mais entre les forces du travail et celles du capital. Deuxièmement, le problème que nous cherchons à résoudre n'est pas grec, mais européen. Nous devons donc trouver une solution européenne a un problème européen. Nous ne nous retrouverions pas aujourd'hui avec ce problème de gonflement de la dette publique si en 1996, la Grèce n'avait pas décidé d'entrer dans l'eurozone et si elle n'avait pas mis en oeuvre des politiques qui ont conduit à un gonflement de la bulle financière et à la surconsommation. Il est impossible de maintenir un pays pendant dix-huit ans dans un cadre monétaire biaisé et à la fin, de demander à son peuple de supporter le poids de cette crise. Il n'y a pas de solution exclusivement grecque. La sortie de la Grèce de la zone euro entraînerait l'effondrement du système financier grec, donc à la désintégration de la zone euro. Quelles seraient pour les Grecs les conséquences d'une sortie de l'euro ? Alexis Tsipras. Elles sont connues. Il y aurait une dévaluation de la monnaie et une fuite massive des capitaux. Cette dernière a déjà commencé. De l'argent a été placé dans les banques suisses. Il est important de savoir que les effets ne seraient pas grecs uniquement. Une éventuelle sortie de la Grèce de l'euro conduirait les marchés à attaquer le lendemain le prochain pays candidat à la sortie de l'euro. Les États suivants pourraient être l'Italie ou l'Espagne, dont la dette publique est quatre à cinq fois supérieure à celle de la Grèce. Il ne faut pas avoir d'illusions sur le fait qu'une telle situation resterait sans conséquences pour les systèmes bancaires des pays du coeur de l'Europe. Quels ingrédients faudrait-il pour qu'un gouvernement de gauche qui combattrait les politiques d'austérité réussisse en Grèce ? Alexis Tsipras. L'appui conscient de la majorité du peuple. La voie qui va être suivie ne sera pas facile. Face à nous, nous avons une oligarchie puissante qui dispose de nombreux moyens pour nous combattre : les banques, les marchés et les médias. Ce n'est qu'au travers de l'appui conscient et combatif du peuple qu'un gouvernement de gauche pourra atteindre ses objectifs. Entretien réalisé par Gaël De Santis (l'Humanité)
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