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Vendredi 18 Mai 2012 :
Éditorial Des symboles au Palais Par Patrick Apel-Muller L'heure était aux symboles, hier, aux marches du Palais. Le Conseil des ministres a décidé une baisse de 30 % du salaire des ministres et du président. Chacun sait bien que la mesure n'aura aucun impact sur les finances publiques et on ne l'interprétera pas comme une compensation à des efforts qui seraient demain exigés des Français. Il s'agit d'un signal assurant le pays d'une rupture avec le mélange fâcheux des intérêts privés et des affaires de l'État. Pétrone n'écrivait-il pas : « Que peuvent les lois là où ne règne que l'argent ? » La charte de déontologie à laquelle chaque membre du gouvernement a souscrit a confirmé l'exigence d'exemplarité dictée par François Hollande, qui entend également imposer la limitation de 1 à 20 l'écart de salaires dans les entreprises publiques. Autres images fortes, les traditionnelles photos souvenirs, où soudain celle consacrée aux femmes se peuple. La parité enfin réalisée est la réussite éclatante de la composition de l'équipe de Jean-Marc Ayrault. « Émotion, densité, tension »... les nouvelles têtes du gouvernement ont profité d'un moment de bonheur et de solennité autour de la grande table de l'Élysée. Elles ont bien fait. L'instant ne durera pas, tant les urgences sociales frappent à la porte. « Nous ne sommes pas là seulement pour gérer mais pour réformer le pays, pour vaincre les privilèges, pour améliorer la vie des Français. Et rien de tout cela ne peut attendre. Il va nous falloir nous y consacrer immédiatement », a déclaré la nouvelle porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem. Le dispositif gouvernemental adopté est d'abord destiné à passer le cap des législatives. Avec près d'une dizaine de ministères directement en charge de dossiers sociaux, la volonté de donner une forte visibilité à ces sujets et d'apaiser le climat social est affichée, même si les syndicats attendent de juger sur pièces. Le montant de l'augmentation du Smic permettra notamment d'apprécier la fermeté des résolutions, qu'éprouvent dès aujourd'hui les rencontres du G8. La rupture avec l'austérité qui meurtrit le plus grand nombre et paralyse l'activité doit être déterminée et les choix ne doivent plus être conditionnés par l'impératif des réductions budgétaires. Le préalable à toute action peut-il devenir la réduction équivalente des dépenses, comme l'a réaffirmé hier le chef du gouvernement ? En tout état de cause, il faudra de solides résolutions pour résister à la pression des marchés financiers et aux offensives de la droite que Jean-François Copé a promises brutales. Il faudra donc fortifier à gauche la majorité à l'Assemblée en la dotant d'un nombre accru de députés du Front de gauche, qui relaieront aspirations et mobilisations. En effet, les acteurs sociaux et associatifs ont tout intérêt à ne pas attendre l'arme au pied qu'adviennent leurs revendications, mais au contraire à créer par leurs mobilisations le changement qu'ils espèrent. Quand les citoyens laissent faire en spectateurs les dirigeants, tout va à vau-l'eau. Les enjeux sont trop pressants pour ne pas être pris au sérieux. (l'Humanité)
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