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Mardi 8 Mai 2012 :

 

Débiteurs du succès d'Hollande

Décryptage. Les reports du Front de gauche et des écologistes ont été déterminants pour la victoire de François Hollande en Haute-Normandie où le FN entend casser la bipolarisation du débat.

Plus de 72,5 % à Gonfreville-l'Orcher, 66,37 % à Harfleur... Au lendemain de la victoire de François Hollande, Daniel Paul ne boude pas son plaisir. Pour le député communiste du Havre, il ne fait aucun doute que le report des électeurs de Jean-Luc Mélenchon a été « massif et déterminant » dans le succès de François Hollande dimanche soir. Une analyse qui se vérifie également dans l'agglomération rouennaise qui a vu naître le champion du 6 mai. Le candidat socialiste franchit la barre des 70 % à Saint-Étienne-du-Rouvray. « La mobilisation des militants du Front de gauche et particulièrement celle des communistes s'est montrée très efficace pour battre Nicolas Sarkozy » ajoute Daniel Paul. « Le message de Mélenchon pour le second tour a été clair contrairement à celui de Bayrou et ça a produit l'effet escompté » glisse Amélie Louvet. La jeune étudiante rouennaise, militante du Front de gauche encartée au PC depuis dix-huit mois ne désarme pas. « Certains de nos électeurs n'ont pas été voter dimanche parce qu'ils ne se retrouvent pas dans le programme de François Hollande. À nous de les mobiliser pour les législatives des 10 et 17 juin ». Daniel Paul renchérit. « Un groupe Front de gauche solide à l'Assemblée ancrera le Parlement dans une vraie politique de gauche ».

Dimanche soir, Claude Taleb appelait « à faire péter les bouchons ». Au lendemain de la victoire, le vice-président Europe Écologie Les Verts (EELV) de la région rappelle qu'Eva Joly a été la première à appeler au vote Hollande. « Même si d'aucuns ont brocardé ses quelque 2 %, il n'empêche que nous n'avons pas ménagé notre peine. Entre les deux tours, nous avons retrouvé à nos côtés des électeurs écologistes qui avaient voté Hollande dès le 22 avril ».

Au Front national qui s'est imposé comme la troisième force politique dans la région au 1er tour, tous les regards sont braqués sur le troisième tour... les législatives. « Je m'attendais à la victoire de Hollande mais que ce soit aussi serré » confie Romain Balzac. Il n'a pas échappé au jeune militant FN, étudiant en droit à Rouen, qu'une bonne moitié de l'électorat de Marine Le Pen s'est reporté dimanche sur Nicolas Sarkozy. Porte-parole de la présidente du Front national, Nicolas Bay y voit l'effet de « l'opportunisme thématique » du président sortant entre les deux tours. « Mais ça n'a pas suffi, particulièrement en Seine-Maritime où son quinquennat a eu des effets dévastateurs sur l'emploi. Les électeurs le lui ont rappelé » analyse le chef de file du FN à la Région. « Et aux législatives, nous allons casser cette bipolarisation de façade. La vraie opposition à François Hollande, c'est nous qui l'incarnerons. Pas une UMP molle, prête à appeler au vote PS pour nous empêcher d'incarner une vraie alternance politique ». Il se pourrait bien que Nicolas Bay ait voté blanc dimanche... comme sa patronne.

Christophe Preteux

(Havre libre)

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