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Mercredi 2 Mai 2012 :

 

Un cortège très politisé

Social. Entre 2000 et 4000 manifestants ont défilé hier matin dans les rues du Havre. Sans surprise, le mot d'ordre général appelait à battre le président sortant, dimanche prochain.

Sans surprise, le traditionnel défilé du 1er Mai s'est transformé en appel unanime à évincer Nicolas Sarkozy de la présidence de la République, dimanche prochain. Le contexte politique de l'entre-deux tours a redonné des couleurs à cette fête du travail qui, restée sur un souvenir maussade en 2011, a rassemblé hier matin au Havre entre 2 000 et 4 000 personnes, selon les sources. « Je n'avais pas l'habitude de défiler pour le 1er Mai, mais là j'ai vraiment envie que ça change, confie Nicole, ancienne secrétaire médicale aujourd'hui retraitée. La société française en a pris un sacré coup. »

Sarkozy et Le Pen dos à dos, le nom de Hollande absent

Malgré le flux continu, les vendeuses de muguet installées rue Maréchal-Joffre n'en ont pas pour autant fait des affaires. « Je ne savais même pas qu'il y avait un défilé pour le 1er Mai », sourit une fleuriste. « Nous, de toute façon, on travaille toujours les jours fériés. » De « vraies » travailleuses ? « Ça m'a plutôt fait ricaner cette expression, c'est tellement bête », sourit Christelle, fonctionnaire, depuis le parvis de l'hôtel de ville où le cortège a terminé son parcours (contrairement à ce qui avait été initialement annoncé). La déclaration unitaire intersyndicale lue au micro y a appelé « tous les salariés à participer au scrutin de dimanche, pour mettre Nicolas Sarkozy hors d'état de nuire ». Nicolas Sarkozy, mais aussi Marine Le Pen, la droite et l'extrême droite ayant été constamment renvoyées dos à dos.
Le nom de François Hollande, en revanche, est resté totalement absent des slogans scandés tout au long du défilé havrais. Si la CGT a clairement appelé à voter en faveur du candidat socialiste à la présidentielle, la volonté de neutralité des autres organisations a été respectée. « Ça me gêne un peu, ce n'est pas le moment de faire des calculs », juge Jean-Marc, manifestant non-syndiqué.
Tracts à la main, les militants socialistes se sont chargés de rappeler l'identité de l'adversaire de Nicolas Sarkozy, avec l'aide des élus communistes. « La démarche de rassemblement dépasse tous les questionnements », assure Nadine Lahoussaine, conseillère municipale d'opposition au Havre (PCF). « Je n'ai pas de réticence vis-à-vis de François Hollande. Derrière lui, il y a des gens qui étaient prêts à voter très à gauche, mais qui ont voulu assurer. »
Face à cette fronde anti-sarkozyste, les supporters du locataire de l'Elysée croient toujours en « une belle surprise » dimanche soir. « Les syndicats ont un rôle plus politique que syndical », dénonçait hier après-midi Augustin Bœuf, responsable local des « Jeunes Pop », peu après le discours du président de la République à Paris. Ce dernier y assistait, avec près de 80 militants UMP havrais ayant fait le déplacement au Trocadéro. « Le peuple est avec Nicolas Sarkozy, qui a fait un très beau discours sur le travail. Nous sommes remontés à bloc, plus motivés que jamais. On va gagner ! »
T. D.

La CFTC a préféré se démarquer des autres

Pas de mélange des genres pour la CFTC. S'il n'y a qu'un pas aujourd'hui entre syndicalisme et politique, la Confédération française des travailleurs chrétiens refuse de le franchir.
C'est sur la base de ce principe que le syndicat a décidé de faire cavalier seul et de ne pas rejoindre, hier, le défilé unitaire. « A la CFTC, nous sommes indépendants des partis politiques. Nos adhérents et sympathisants sont libres de leur pensée. Ce rassemblement dans un contexte d'élections est trop politisé », confie Isabelle Malherbe, présidente de l'union locale. Jackie Durand, président régional, enfonce le clou en rappelant que cette indépendance est inscrite dans les statuts du syndicat. Selon les responsables, cette position porte ses fruits. « De plus en plus de salariés se rapprochent de nous. Ils recherchent la proximité syndicale dans les entreprises en dehors des appareils politiques. Notre démarche séduit ». La CFTC compte 2 200 adhérents dans le département, essentiellement issus des secteurs du commerce, de la métallurgie et du transport.
Même en se démarquant, le 1er Mai reste pour la CFTC un moment capital. « A la CFTC, nous considérons que ce jour férié est un hommage à la lutte menée par les travailleurs pour l'obtention d'avancées sociales. Pour cette raison, nous nous devions d'être présents physiquement ». C'est finalement sur le parking de la plage que la CFTC a décidé de se faire voir. Une quinzaine de militants se sont retrouvés vers 11 heures pour un lâcher de ballons symbolique.
St. R.

Repères

La manifestation était organisée par l'intersyndicale havraise CGT-CFDT-Solidaires-FSU, à laquelle s'est associée l'Unef, syndicat étudiant.
Outre la CFTC, Force Ouvrière faisait aussi bande à part. Ses adhérents étaient invités à un grand meeting départemental à Rouen.

(Havre libre)

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