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Samedi 31 Mars 2012 :
11 millions de pauvres en France Un rapport publié hier pointe l'augmentation du nombre de précaires depuis une dizaine d'années. Un phénomène qui touche de plus en plus de travailleurs. Le nombre de pauvres et de précaires ne cesse d'augmenter depuis une dizaine d'années. Tel est l'inquiétant constat que dresse le rapport 2011-2012 de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes), rendu public hier. En 2009 (derniers chiffres disponibles), 13,5 % de la population, soit 8,2 millions de personnes, vivaient avec moins de 954 euros par mois (60 % du revenu médian), contre 12,6 % en 2004. Parmi ces personnes, près de 2 millions étaient ou la barre des 640 euros mensuels (40 % du revenu médian). Cette grande pauvreté, « en nette progression », concernait 3,3 % de la population contre 2,5 % en 2004. Selon les indicateurs de la Commission européenne, plus complets, 11,2 millions de Français étaient touchés en 2009 soit par la « pauvreté monétaire », soit par des « privations matérielles sévères », soit par une « très faible intensité de travail ». 700 000 personnes cumulant ces trois critères. « Les personnes en grande pauvreté se trouvent dans une sorte de halo du chômage, et leurs chances d'en sortir sont très faibles, en raison du cumul de handicaps lourds, en matière de santé, d'éducation et de logement », souligne Jérôme Vignon, président de l'Onpes. Ce noyau dur de l'exclusion est constitué de femmes seules avec enfants, de personnes sans qualifications professionnelles et de femmes âgées isolées. Stagnation des minima sociaux Mais la pauvreté touche aussi de plus en plus ceux qui travaillent du fait du développement de l'emploi précaire et/ou de faible durée (intérim, CDD, chômage partiel...). « Le travail protège de la pauvreté, mais moins qu'autrefois », résume Jérôme Vignon. En 2009, 6,7 % de la population en emploi était pauvre (contre 5,9 % en 2005). Une situation qui touche notamment les femmes seules avec enfants ainsi que des secteurs comme l'hôtellerie-restauration, l'agriculture ou les services à la personne. L'Onpes relève enfin une stagnation des minima sociaux qui n'ont pas suivi l'évolution du niveau de vie médian. Entre 1996 et 2009, ce dernier a augmenté de douze points alors que le RSA pour les parents isolés ne progressait que d'un point... « Notre système complet de protection sociale a permis, mieux qu'ailleurs, de limiter les effets de la crise, mais cette qualité est érodée », souligne Jérôme Vignon, qui préconise une augmentation urgente de l'ensemble des minima sociaux. « Augmenter de 25 % le RSA sur cinq ans coûterait entre 300 et 400 millions d'euros. Ce n'est vraiment pas la lune. » Laurent Mouloud (l'Humanité)
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