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Lundi 19 Mars 2012 :

Entre la Nation et la Bastille, un grand détour par la République

Pour les responsables et élus du Front de gauche, la marge de dimanche préfigurait la VIe république solidaire, sociale et écologique qu'ils appellent de leurs voeux.

Tous ceux qui s'interrogent sur le sens d'une VIe République, question au coeur du rassemblement d'hier, Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne, oppose un exemple immédiat, celui des Fralib. Ou « comment des salariés, considérés au départ comme des exécutants, ont pu au fil des mois concevoir un autre avenir à leur entreprise qui commence là où le patronat les a abandonnés ». Christian Picquet, de la Gauche unitaire, confirme : « L'exigence de la VIe République est fédératrice parce que ce n'est pas seulement une nouvelle Constitution, ni une nouvelle architecture institutionnelle. C'est d'abord un processus constituant, avec la volonté que, du haut jusqu'en bas, les citoyens, les travailleurs, les hommes et les femmes aient des droits nouveaux. »

de nouveaux droits pour les citoyens, mais aussi un nouveau rôle pour les élus, poursuit Éliane Assassi, sénatrice communiste de la Seine-Saint-Denis, pour que « la représentation populaire puisse exprimer les espoirs des populations des salariés ». La marche même est un symbole de la démarche qu'entend porter le Front de gauche, défend Didier Le Reste, animateur du Front des luttes, un moyen de « mettre en adéquation les paroles et les actes puisqu'on propose que le peuple reprenne son destin en main, soit acteur des changements, des évolutions ».

Cette campagne électorale, c'est le bon moment pour poser cette question, estime Pierre Khalfa (Attac France), qui rappelle que « historiquement, les Républiques, en France, se sont construites sur des situations de crise profonde. Parfois en se dénouant sur la droite, comme pour la Ve. Qu'elle se dénoue cette fois-ci sur la gauche, c'est tout l'enjeu de la mobilisation sociale et citoyenne ». Car, plus question, pour l'historien Roger Martelli (Fase), « d'aménager la République à la marge quand il y a une telle crise de légitimité et de fonctionnement. » « Tout ce qu'on a dit à l'époque du traité constitutionnel européen, en 2005, c'est réalisé parfois en pire », renchérit l'ancien député européen Francis Wurtz.

Et les chantiers ne manquent pas, comme en témoigne Pierric Annoot, secrétaire général du Mouvement jeunes communistes de France : « S'il y a bien une catégorie qui est exclue de tous les champs de la République, ce sont les jeunes. » « Dès maintenant, on leur propose de prendre le pouvoir très concrètement, poursuit-il, en s'emparant de la proposition de loi des députés communistes et du Parti de gauche contre leur précarité et pour de nouveaux droits. » Cette prise de pouvoir que propose le Front de gauche dans la campagne ne s'arrête ni à un homme ni à une échéance, explique Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : « On ne crie pas "Mélenchon président", on crie "Prenez le pouvoir". » Et de poursuivre, aux côtés de Marie George Buffet : « C'est un mouvement de tous les jours dans la durée. Nous allons continuer jusqu'à obtenir les changements nécessaires dans la vie quotidienne. » « Donc, il faut qu'on continue d'être à la hauteur, prévient Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche, et qu'on donne des perspectives à tous ceux qui aujourd'hui ont retrouvé goût à la politique et des raisons de participer à un vote. » En oubliant pas, insiste-t-elle, « qu'on est responsable de l'espoir que l'on est en train de soulever ».

Julia Hamlaoui et Lionel Venturini

(l'Humanité)

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