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Dimanche 18 Mars 2012 :
Le 18 mars : Tous à la Bastille ! C'est un événement politique inédit. Des dizaines de milliers de personnes sont attendues le 18 mars à Paris, pour la manifestation de Nation à la Bastille pour soutenir le candidat Jean-Luc Mélenchon, et imposer l'idée d'une VIe République sociale. Un tournant dans la campagne des militants du Front de gauche, alors que leur candidat vient d'atteindre la barre des 10 % d'intentions de vote. Une hirondelle ne fait pas le printemps, et un sondage ne fait pas un résultat... Sauf que, comme l'hirondelle qui sans le faire l'annonce, le sondage CSA publié la semaine dernière dans « le Parisien », qui donne pour la première fois un score à deux chiffres, 10 %, à Jean-Luc Mélenchon en termes d'intentions de vote, pourrait bien annoncer la future surprise du premier tour de l'élection présidentielle. Et ce n'est pas que « l'Humanit Dimanche » qui se pose cette question. En témoignent ces titres révélés au fil de la presse en ligne. « Mélenchon peut-il devenir le troisième homme ? » Sur le nouvelobs.fr, « Le Pen, Bayrou, Mélenchon. Qui sera le troisième homme des couches moyennes ? » sur atlantico.fr, « Mélenchon, un personnage clef de la présidentielle » sur libération.fr... Antoine Guiral, dans « Libération », juge même que « sa campagne n'en finit pas de surprendre. Ses meetings affichent complet. À la différence des autres candidats, il ne fabrique pas ses salles à grand renfort d'autobus remplis de faux "vrais gens". (…) Tous ont un appétit de politique et cherchent des raisons d'espérer ». Une découverte pour Antoine Guiral, une confirmation pour les militants du Front de gauche, depuis maintenant des semaines, sentent que quelque chose est en train de changer, de bouger dans cette campagne. Un mouvement de fond qui prend de l'ampleur au fur et à mesure que le temps passe. Il y a des signes qui ne mentent pas. Les meetings qui affichent complet, mais pas seulement. Que dire de l'immense réussite de la diffusion du programme du Front de gauche : « l'Humain d'abord » : près de 300 000 exemplaires diffusés en moins de 6 mois. Et si l'appétit de politique avait commencé par cela ? Des propositions de rupture portées par une démarche de rassemblement engagée depuis maintenant 3 ans et qui a passé avec succès l'épreuve du feu des élections européennes, régionales et cantonales. Conséquence, tous attendent avec gourmandise le rendez-vous du 18 mars : manifestation à Paris, à partir de la place de la Nation, rassemblement et meeting à la Bastille. D'ores et déjà, les militants du FG savent que cette initiative sera non seulement un succès mais également un événement politique, puisque la participation à la manifestation et au meeting devrait concurrencer celle annoncé lors du meeting de Villepinte de Sarkozy. C'est en tout cas ce qu'explique Amadou Deme, responsable du PCF dans l'Essonne et militant à Grigny. « La campagne de Jean-Luc Mélenchon est un formidable booster pour les militants, explique-t-il. On découvre des gens qui ne militaient plus qui se réinvestissent dans la campagne à leur manière. D'autres qui cherchaient à s'engager qui trouvent avec le FG le moyen de le faire. » Ici, on ne part pas de rien, le terrain est labouré depuis longtemps. « Déjà pour les cantonales, nous avions collecté 1 400 appels à voter pour les candidats du Front de gauche et c'est cette base que l'on retrouve mais sur un engagement plus conséquent, sur des gestes qui vont au-delà du simple fait de signer. (…) C'est de parler à des voisins, accepter d'organiser des réunions d'appartement », précise-t-il. Alors combien seront-ils, de 18 à la Bastille ? Amadou Deme ne sait pas trop. « Ce que nous maîtrisons nous conduit à affréter deux bus pour Grigny, mais je pense qu'il y aura plus de monde que cela, car beaucoup de choses se font sans que l'on en soit forcément partie prenante, voire informés. » Même son de cloche à Villejuif, dans le Val-de-Marne. Ici on teste de nouvelles façons d'aller et à la rencontre des habitants. « On organise des rendez-vous publics au pied des cités avec les candidats aux législatives », explique le secrétaire de section Pierre Garzon. Mini-scène, sono, et invitation au débat. Dernière expérience en date, samedi 10 mars, à la cité du 8 mai 1945. 60 logements et une trentaine de personnes présentes. « Et pour susciter le débat, rien de tel que d'aller directement aux questions qui font mal », explique le secrétaire de section, et de poser d'emblée la question du vote utile. « Car c'est quelque chose qui existe dans les quartiers. L'envie est tellement forte de se débarrasser de Sarkozy que la tentation de voter Hollande dès le premier tour est très présente. » Le débat est d'autant plus tranquille que la progression du Front de gauche dans les enquêtes d'opinion ne se fait pas au détriment de François Hollande. « Cela permet de discuter du fond, des propositions comme celle du SMIC à 1700 euros ou le retour à la retraite à 60 ans. De démontrer que le vote utile pour soi, c'est le vote Front de gauche », explique Fabien Antoine, militant communiste de Beauvais (Oise), d'où deux cars doivent partir pour la Bastille. Car, ajoute-t-il, « si le style Jean-Luc Mélenchon suscite l'intérêt, ce sont les propositions qui emportent la décision ». Autre signe de cet effet boule de neige autour de la campagne du FG, le militantisme dans la blogosphère qui, là aussi, déborde largement des cadres habituels. Exemple, ce billet sur l'un des blogs du « Monde ». Son auteur, Jean-Jacques Birgé, écrit à propos des élections : « Certains refusaient cette mascarade en décidant de ne plus voter. D'autres, dont je suis, avaient toujours opté pour le moindre mal. 40 ans de vote utile sans manquer un seul scrutin, est-ce de l'abdication ou de l'hibernation ? Je me demandais si je n'allais pas m'abstenir pour la première fois, ou voter blanc. Et puis, tout s'est passé très vite. » Et de poursuivre : « Tous les jours, pendant une semaine, Françoise a insisté pour que je regarde Jean-Luc Mélenchon à l'émission "Des paroles et des ses actes", sur France 2. J'ai cédé un dimanche matin pour lui faire plaisir. Je me suis dit : "Je regarde dix minutes et puis ça va..." Deux heures et vingt minutes plus tard, je suis excité comme un pou. (…) Depuis, j'ai une pêche d'enfer. C'est exceptionnel. Il n'y a pas un jour sans que chacun-e convainque une personne de son entourage. (…) Et l'étonnant, c'est que nous ne sommes pas seuls (…) Tel ami, petit patron et socialiste convaincu, nous raconte qu'il a acheté "l'Huma Dimanche" par compassion à un pauvre militant devant le marché et se rend compte que le journal exprime tout ce qu'il pense. (…) Quelque chose d'incroyable est en train de se passer. » À Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, l'enthousiasme est aussi présent. Pour Moussa, qui est sans emploi, l'heure est à « la mobilisation générale ». « Moi, j'adhère à 100 % à ce que dit Mélenchon : la hausse du SMIC, la VIe République, et j'en connais beaucoup qui partagent cet avis. » Il attend le rendez-vous de la Bastille avec impatience, car cela va créer une force formidable. « Je manquerais la journée de foot avec le club où je suis engagé auprès des jeunes mais ça vaut le coup. » Didier Frachot, employé municipal, assure qu'on dit « beaucoup de bien du candidat Mélenchon. Des collègues m'interpellent le matin "Tu l'as entendu hier ?" C'est nouveau. Il y a de l'intérêt, y compris chez les électeurs socialistes. Je crois que la personnalité de Mélenchon agit comme un stimulateur. J'ai l'impression que les gens ont un besoin de changement. Avec le Front de gauche, ils n'ont peut-être pas encore trouvé les chaussures mais ils ont trouvé la boîte. J'irai à la Bastille pour défendre le socialisme, le vrai. Pour partager ce moment avec des gens de gauche avec des vraies idées de gauche qui prennent en compte le quotidien des gens, qui répondent aux besoins humains ». « L'Humain d'abord », ce livre programme dont le titre résonne avec les aspirations des gens, comme le dit Samira, ancienne mal logée, militante pour le droit au logement, ou Catherine, qui travaille pour l'office HLM : « Ça va être un rassemblement porteur d'espoir qui va nous nourrir personnellement et collectivement pour aller au bout de la campagne. Ce rendez-vous sera porteur de l'idée d'un autre monde alors qu'il est difficile de vivre dans celui-ci. » Pour tous ceux-là, qui seront à la Bastille le 18 mars, les 10 % ne sont donc pas une fin mais un booster. Associé à un succès de participation, le 18 mars, cela pourrait changer la donne de la fin de la campagne électorale. Déjà le Front de gauche voit plus grand. Après la Bastille, la place du Capitole à Toulouse le 5 avril. Après tout l'intitulé de la campagne du Front de gauche est bien : « Place au peuple ». Stéphane Sahuc (L'Humanité Dimanche)
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