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Vendredi 16 Mars 2012 :
Éditorial Une espérance en marche Par Patrick Apel-Muller « L'avenir, il n'est pas nécessaire de le prévoir ; il s'agit de le permettre », écrivait Saint-Exupéry. La marche de la Nation à la Bastille, dimanche, a cette fonction : amplifier l'élan que tous constatent autour du Front de gauche, solidifier le socle sur lequel il s'appuie, permettre de dessiner des perspectives ambitieuses. La physionomie même du rassemblement du 18 mars en dit la nature : marier le pavé parisien et les isoloirs, faire des citoyens les maîtres du changement qu'incarne brillamment le candidat Jean-Luc Mélenchon, ajouter la construction d'une alternative à l'expression des colères. Que de chemin parcouru, ces derniers mois ! Les commentateurs avaient dessiné un ring avec deux combattants seulement, Nicolas Sarkozy et François Hollande, et deux sparring partners, François Bayrou et Marine Le Pen. Les sujets de controverse devaient porter sur la façon d'accommoder l'austérité. Or, ce plan de campagne a été complètement bouleversé. Les luttes sociales se sont imposées sur la scène politique, contraignant Nicolas Sarkozy a de grands écarts éprouvants et au maintien d'entreprises condamnées. En validant les propositions de Jean-Luc Mélenchon contre les exilés fiscaux, le président sortant a du même coup mis à bas l'épouvantail de la fuite des capitaux, que la droite agite contre les réformes progressistes. En déclarant que les traités européens peuvent être contestés et dépassés, le candidat UMP a admis que rien n'oblige à se plier aux diktats ultralibéraux qui étouffent les peuples du continent. François Hollande a finalement musclé son discours fiscal et a fait une timide incursion sur le terrain d'une augmentation du Smic. Marine Le Pen devait donner le ton ? Elle perd des voix, sous l'effet de l'argumentation des militants du Front de gauche. Les idéologues libéraux se félicitaient que la classe ouvrière ne se fasse plus entendre... ils déchantent, et c'est une nouvelle fierté, une confiance restaurée dans leurs combats que les militants communistes ou de la gauche de transformation affichent. Avec eux, des centaines de milliers de citoyens, jusqu'alors sans attaches partisanes, sentent qu'il est possible de résister et que, aux combats défensifs – souvent usants -, ils peuvent ajouter des luttes conquérantes. Ils s'emparent pour cela du Front de gauche, unitaire et ouvert aux différences. Une gauche combative fait un retour en force et reflète ces aspirations populaires qui rejettent le sarkozysme. Là résident les ingrédients d'un succès qui chasserait l'État UMP de l'Élysée. Des commentateurs, jusque-là accompagnateurs fidèles de Nicolas Sarkozy, feignent de s'inquiéter des conséquences que cela aurait pour le candidat socialiste. Balivernes ! Comme l'écrivait Chamfort, « il y a des sottises bien habillées comme il y a des sots très bien vêtus »... Les électeurs qui choisissent Jean-Luc Mélenchon sont les plus décidés à battre le sarkozysme. Ils apportent à la gauche la fermeté qui la maintient debout face aux bourrasques des marchés. Ils sont le vaccin contre les déceptions qui ont démotivé tant d'électeurs. Dans ces temps enragés, c'est là que se dessine une espérance populaire. Et dimanche, elle marche de Nation à Bastille. (l'Humanité)
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