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Mardi 13 Mars 2012 :
Éditorial Nation, Bastille, Europe Par Michel Guilloux Dimanche prochain va marquer un nouveau point d'orgue dans la campagne du Front de gauche. Organiser un défilé depuis la place de la Nation, à Paris, puis tenir un meeting à ciel ouvert, place de la Bastille : l'initiative sera un fait politique dont chacun devra tenir compte. Ce 18 mars prochain, jour symbolique s'il en est, renvoie à la Commune, au peuple insurgé, sur le lieu emblématique du despotisme défait en 1789, et aux fondations sur lesquelles tous les combats émancipateurs de notre pays depuis lors se sont étayés. Accès au logement, protection sociale, droit à l'éducation, droit au travail et répartition de ses richesses étaient déjà les grandes revendications du moment. Elles sont au coeur des préoccupations de millions de Français qui ont envie de changement. Elles sont au coeur des exigences ouvrières qui font irruption et pression sans relâche dans le débat politique en cours. Elles sont portées par les militants et organisations à l'origine de cette construction singulière dont les meetings autour de son candidat, Jean-Luc Mélenchon, créent déjà une surprise par l'affluence qu'ils suscitent. Dimanche prochain, ce peuple dans la rue ne sera pas figurant parce qu'il est acteur d'un mouvement en cours, dans lequel chacun doit compter pour un. Tout l'inverse de ce qu'on a pu voir dimanche dernier à Villepinte. Et pour cause, deux projets de société aux antipodes l'un de l'autre s'affrontent ici. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le rouleau compresseur de l'occupation des écrans et antennes par le candidat des riches n'a pas encore commencé : de TF1, hier soir, jusqu'à lundi prochain, l'offensive médiatique est lancée. Au-delà, ce moment, à un mois du premier tour, nourrit une conviction : il est temps de rouvrir la porte de l'avenir. En homme du passé et du passif qu'il est devenu et qu'il incarne aux yeux de millions et de millions d'hommes et de femmes, le candidat de l'UMP et du Medef découvre un nouvel horizon : l'Europe. À se demander qui a occupé l'Élysée depuis mai 2007 ? Qui avait juré de « moraliser la finance » ? Qui devait aller chercher la croissance « avec les dents » ? Et, surtout, qui, il y a à peine quelques jours, a imposé le « pacte des rapaces », ce nouveau traité européen relevant du putsh ? Comment parler de défense des PME et de relance par les marchés publics quand on veut imposer la super-austérité, des budgets de la nation à ceux de collectivités locales déjà étranglées et à qui il a supprimé l'apport de la taxe professionnelle ? Alors qu'il y aurait tant à faire pour démocratiser les institutions européennes, ses choix accroissent le pouvoir de ceux qui, à sa tête, ne sont élus par personne. À commencer par les dirigeants de la Banque centrale européenne, dont les décisions ne vont que dans le sens de la soumission aux diktats de la rentabilité financière. Pour lui, le projet européen, c'est l'extension aux 27 de son seul horizon : la chasse à l'étranger comme diversion face au désastre néo-libéral. Lui qui sort de son chapeau des idées de référendums tous azimuts en oublie un, de taille, qui éclaire là encore ses choix. Dimanche, de Bastille à Nation, dans les multiples exigences démocratiques et de droits nouveaux pour les salariés et les citoyens qui se feront entendre, le coeur du pavé parisien battra à l'unisson de cette exigence : le peuple doit être consulté par référendum sur ce nouveau traité scélérat signé dans son dos et contre lui. Et, là encore, ce ne sera qu'un début mais quel moment dans le débat qui va ainsi prendre de la force jusqu'aux 22 avril et au-delà. (l'Humanité)
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