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Mercredi 15 Février 2012 :

La City ou la gauche, il va falloir choisir

Hollande rassure la Bourse de Londres sur les intentions de la gauche en annonçant, dans The Guardian, la quasi-disparition du PCF.

Selon qu'il voit les choses depuis Londres ou depuis Paris, François Hollande a une conception différente de ce qu'est une politique de gauche. Après avoir désigné, lors de son lancement de campagne au Bourget, le 22 janvier, « le monde de la finance » comme « son véritable adversaire », il s'est employé à rassurer lesdits marchés sur la réalité de ses intentions s'il accède à l'Élysée, selon ses propos tenus au journal britannique The Guardian. La City (la place financière de Londres) n'aura « rien à craindre de son action pour réguler davantage le monde financier », rapporte The Guardian, son discours du Bourget n'étant « rien d'autre qu'un discours à l'instar de (ceux de) Barack Obama au Congrès américain »... « Vous pourriez vous dire qu'Obama et moi avons les mêmes conseillers », a expliqué François Hollande.

Toujours pour rassurer la City, encore hantée par le cauchemar du 10 mai 1981, François Hollande a cru bon d'ajouter : « C'était normal qu'il y ait ces craintes alors. (…) C'était la guerre froide, Mitterrand avait nommé des ministres communistes au gouvernement. Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France, ou pas beaucoup... La France a été au gouvernement pendant quinze ans au cours desquels nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n'y a pas de grande crainte à avoir. »

Ces déclarations ont suscité un flot de réactions inquiètes ou indignées, hier. « En voulant rassurer la finance britannique, François Hollande ne nous rassure pas du tout », a déclaré la députée PCF Marie-George Buffet. Car si « les marchés n'ont rien à craindre », le « peuple de gauche, lui, a de quoi s'inquiéter s'il doit passer sous leurs fourches caudines ». Même tonalité pour Éric Coquerel, conseiller de Jean-Luc Mélenchon, pour qui « Hollande rassure la City, pas la gauche ». Le candidat du Front de gauche dénonçant une « attitude hautaine insupportable ». Quant à l'affirmation, selon laquelle « il n'y a plus de communistes en France », « les 132 000 adhérents du PCF et ses 10 000 élus seront contents de l'apprendre », ironise Olivier Dartigolles.

Sébastien Crépel

(l'Humanité)

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