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Mercredi 15 Février 2012 :

 

L'AP-HP : « l'efficience » au détriment de l'humain

La CGT a mis la main sur un projet secret de la direction. Au menu, 130 millions d'économies sur le dos des agents.

Depuis son arrivée à la tête de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en 2010, Mireille Faugère ne cesse de parler de « dialogue social rénové ». Sauf que, dans les faits, la réalité est toute autre. Ainsi, la semaine dernière, les organisations syndicales ont incidemment pris connaissance d'un document ultraconfidentiel déclinant des « actions d'efficience » économique pour 2012. L'objectif : 130 millions d'euros d'économies et, encore une fois, sur le dos des agents. Pour l'intersyndicale (CGT, FO, SUD, CFDT, CFDT) de l'AP-HP, c'est une « attaque sans précédent contre le statut particulier de l'AP-HP, de l'emploi, de l'organisation et des conditions de travail ». La direction générale recommande ainsi de « passer au peigne fin les effectifs » des pôles afin de dégager des économies en personnel. Elle envisage aussi de remettre en question certaine professions pour des recherches de productivité, en externalisant des missions des secrétaires médicales, comme les comptes-rendus médicaux, et des services techniques et ouvriers. Est également programmée « la diminution de la promotion professionnelle sur 2012 ».

« Mireille Faugères essaie de faire tomber un maximum d'acquis sociaux avant les élections », analyse Olivier Gammas, du bureau de l'Usap CGT, qui dénonce la remise en cause des 35 heures : « La direction envisage de passer la journée de travail à 7h 36, contre 7h 50 aujourd'hui, ce qui lui permettrait de gagner, estime-t-elle, 1300 équivalents temps-plein », détaille le militant. « Non seulement, on nous supprime des emplois année après année, mais comme ça ne suffit pas, on nous en remet encore une couche ! » s'emporte Marie-Christine Fararik, responsable SUD santé de l'AP-HP. « Cette fois, la direction va jusqu'à supprimer les collations d'après-midi et de nuit pour le personnel... C'est vraiment du gagne-petit : 8 millions d'euros d'économies estimées, qu'est-ce que cela représente à côté du déficit de l'AP-HP qui s'élève à 120 millions ?

C'est délirant ! »

Pour Rose-May Rousseau, déléguée générale de l'Usap CGT, la direction veut « gratter jusqu'à l'os tout ce qui fait le statut particulier de l'AP-HP ». « Les objectifs sont clairs : en finir avec les acquis sociaux. Mais ce que Mireille Faugère oublie, c'est que, derrière ces acquis, c'est l'offre de soins et les malades qui en pâtiront. Car, avoir une crèche sur place, un correspondant mutuelle sur son établissement – ce que la direction veut supprimer -, c'est ce qui permet de mieux soigner le patient », expose la responsable syndicale, qui a le sentiment de vivre un « recul social sans précédent ». Lors de sa prise de fonction, la directrice générale s'était donné pour mot d'ordre de « faire préférer l'AP-HP » aux patients, mais aussi au personnel. Un pari voué à l'échec, semble-t-il.

Alexandra Chaignon

(l'Humanité)

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