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Mercredi 1er Février 2012 :

 

Éditorial

Rejeter le merkozysme !

Par Patrick Le Hyaric

Il paraît que depuis dimanche soir, sous les lambris de la chancellerie à Berlin, ils sont plus que satisfaits de leur nouveau VRP installé au palais de l'Élysée. Ils n'en reviennent pas ! Avoir mobilisé un dimanche soir neuf chaînes de télévision, non seulement pour vanter leur modèle mais pour l'appliquer à marche forcée en France, devenue comme le dernier Land allemand, est un exploit qui n'est pas donné à tout le monde. M. Sarkozy l'a fait. Qualifier ceci de « courage » est une insulte à la majorité de ceux qui souffrent. Le courage serait de s'attaquer à la dictature de la finance. En vérité, le candidat Sarkozy, non content d'utiliser les moyens de l'État pour faire sa campagne électorale et de mobiliser les chaînes de télévision et de radio à cet effet, veut désormais faire voter en urgence des textes pour des applications qui n'interviendraient, paraît-il, qu'à l'automne prochain, alors que l'Assemblée nationale qui les aura votés ne sera plus là en juin.

Jamais nous n'avons assisté à un tel piétinement du débat démocratique et de l'expression du suffrage universel. Nombre de nos concitoyens se demandent pourquoi il faut faire aujourd'hui de toute urgence ce qui ne l'a pas été depuis douze ans. La raison en est simple. Elle tient au fait que M. Sarkozy veut faire le sale travail au service des puissances d'argent jusqu'au bout. En vérité, ce qu'a annoncé le candidat président est mot pour mot le texte du pacte pour l'euro plus que j'ai rebaptisé « pacte des rapaces ». C'est le programme commun Sarkozy-Merkel. La hausse de la TVA, baptisée dans ce pacte « impôt de consommation », comme le fameux pacte emploi compétitivité ne sont rien d'autre que la mise à mort de la négociation collective par branche, pour mettre fin à la durée légale du travail et ouvrir en même temps la porte à la diminution des salaires et à la généralisation de la flexibilité précarité.

Ce mécanisme est un terrible marché de dupes imposé aux travailleurs : salaire contre emploi, dont l'expérience montre, de Continental à Carterpillar, des Fonderies du Poitou à Goodyear ou Peugeot Scooter, qu'il aboutit au saccage de l'emploi et à la fermeture des usines. En Allemagne, cette logique produit de terribles dégâts sociaux avec une augmentation considérable du nombre de travailleurs pauvres et très précaires. C'est la mise en miettes programmée du Code du travail. La fourniture de jeunes, comme main-d'oeuvre à bon marché aux grandes entreprises, tout comme la réduction des crédits des collectivités locales ou des systèmes de protection sociale sont aussi issues du pacte des rapaces. Si on y ajoute le projet de nouveau traité européen visant à réduire au maximum toutes les dépenses publiques et sociales, le merkozysme reviendra à ligoter les travailleurs, les familles populaires dans un corset austéritaire perpétuel d'une ampleur inconnue jusque-là. Cette logique aggravera encore la crise au seul service des grands possédants et des puissances financières.

Raison de plus pour amplifier les explications, les actions en commun avec les travailleurs allemands, pour battre ce merkozysme porteur de souffrances pour les deux peuples.

Pour que la gauche puisse apporter une contribution efficace à la riposte nécessaire, il lui faut s'ancrer dans une démarche anti-austérité. Le Front de gauche et son candidat, Jean-Luc Mélenchon, y consacrent tous leurs efforts. Ils marquent des premiers points encourageants que tout commande de faire grandir.

(l'Humanité)

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