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Mardi 4 Janvier 2011:
La maison à 100 000 € prend l'eau Immobilier : au Havre, des propriétaires de « Pavillons Borloo » poursuivent le promoteur « Je ne veut plus de cette maison. Je veux la rendre. Psychologiquement, nous sommes détruits. » Mlouka Ghazar est propriétaire d'une « maison Borloo », dite « maison à 100 000 € » dans le quartier de Caucriauville, au Havre. Et comme trois autres de ses voisins, elle a décidé d'assigner en justice le promoteur Les Nouveaux Ateliers Urbains pour malfaçons. L'affaire doit être plaidée ce matin. Pour toutes ces familles modestes, posséder une maison avec son bout de jardin était un rêve. Mais en quelques mois, l'accession à la propriété est devenue le cauchemar de leur vie. Tous s'estiment victimes de malfaçons. Les quatre familles demandent donc aujourd'hui la nomination d'un expert indépendant pour constater ces dernières, désigner les responsables et fixer le coût des réparations. « La maison a été livrée avec cinq mois de retard. Mais même après la remise des clefs, en août, nous n'avons pas pu y entrer puisque l'électricité n'était pas aux normes. Il a fallu attendre novembre 2009 pour emménager. En attendant le consuel, nous avons donc payé le crédit mais aussi un loyer. Ça nous a mis dans une situation financière extrêmement difficile. L'accession sociale, ça veut dire qu'on ne roule pas sur l'or, sinon on vivrait ailleurs », déplore Peggy Gueye, une autre propriétaire. Aujourd'hui, cette mère de famille est inquiète pour le devenir de sa maison. « Elle s'est tellement dégradée en quelques mois... comment sera-t-elle dans quelques années ? Nous nous sommes endettés sur vingt ans! Aujourd'hui, nous réclamons les réparations. nous avons le sentiment de nous être fait avoir. Cette maison, c'est mon plus grand regret », avoue-t-elle. Tous les propriétaires ont les mêmes réclamations. Tous parlent de fissures qui apparaissent plus nombreuses chaque semaine, des volets qui ne ferment pas, des fuites d'eau dans le salon... « Depuis que j'ai emménagé, je ne dors plus », s'énerve Moustafa Merzougui, un troisième voisin. Entre les constatations d'huissier, les coups de téléphones à répétition pour tenter d'obtenir des réponses à leurs questions, les lettres recommandées... Les nouveaux propriétaires s'avouent fatigués moralement. « Sans compter les frais engendrés. Ces maisons sont censées être pour les gens comme nous et on nous met en plus grande difficulté financière. Non... C'est plus possible », ajoute-t-il. Un sentiment partagé par Carole Bertin, la dernière propriétaire à avoir saisi la justice. « Je l'aime ma maison. Mes enfants s'y sentent bien. Mais ces fissures, ces malfaçons... C'est tellement de stress que cela nous empêche de profiter pleinement de ce pavillon dont nous rêvions. Quant à mon jardin... Quel jardin ? C'est une mare impraticable. Ne reste plus qu'à y mettre des canards » soupire-t-elle. Du côté de l'avocat des sociétés. Les Nouveaux Ateliers Urbains et LH53, la nomination d'un expert ne semble pas poser de problème. Une expertise permettrait en effet de dépassionner le débat et de fixer ce qui est une malfaçon de ce qui est en « parfait état d'achèvement ». Marie-Ange Maraine (source le havre libre)
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