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Dimanche 2 Janvier 2011:
La difficile entrée en matière des professeurs stagiaires Réforme. Les professeurs qui ont fait leur première rentrée cette année souffrent. En cause, la réforme de la formation de maîtres. Ils témoignent. « Je pars au boulot à 6 heures et je reviens chez moi à 19 h 30. Ensuite, je me remets au travail jusqu'à munuit/ une heure. Le mercredi je n'ai pas cours mais je suis en formation. Quant au week-end, je travaille aussi. » Voici le sombre constat de Loïc, qui enseigne la physique chimie à Notre-Dame-de-Gravenchon. A 26 ans sa première rentrée scolaire en tant que professeur stagiaire. Et pour lui, comme pour 218 de ses collègues qui partagent le même sort dans l'académie, la réalité est difficile. Il faut dire que l'ensemble de ces nouveaux profs sont tombés sur une année particulièrement complexe. «J'avance en mode robot » En cause, la réforme de la formation des maîtres. Jusqu'à l'année dernière, les profs qui débutaient dans le métier bénéficiaient d'une première année allégée afin qu'ils puissent se former. À présent, tout a changé. Les professeurs bénéficieront d'une formation durant leurs études et commenceront directement à plein-temps. Tous ceux qui ont commencé cette année charnière se sont retrouvés coincés au milieu de la réforme. « Cette rentrée s'est très bien passée. Au niveau national, moins de 1 % des stagiaires ont été repérés comme en difficulté », assure pour sa part Mario Demazières, directeur de cabinet du recteur. Sur le terrain pourtant, on ne semble pas franchement partager cet avis. « Nous devions être libérés de la moitié de nos classes jusqu'aux vacances de la Toussaint pour bénéficier d'une formation. Pour ma part, j'ai fait une première semaine de cours à plein-temps, avant qu'on trouve un remplaçant. J'ai eu de la chance car d'autres n'ont eu aucune décharge », continue Loïc. Pour Claire (prénom d'emprunt), prof d'anglais dans une ZEP de l'agglo rouennaise cela s'est passé autrement. Après avoir commencé à plein-temps, elle bénéficie d'une décharge en ce moment. « Je peux enfin essayer de mettre à profit la formation que j'ai reçue, prendre du recul, ça fait du bien. Car jusqu'à présent, avec cinq classes, de la 6e à la 4e, je préparais mes cours la veille pour le lendemain en dormant cinq heures par nuit. J'étais obligée de rencontrer ma tutrice qui n'est pas dans le même établissement, le samedi. » Le constat est le même pour cette prof de SVT que nous appellerons Alice. « Avec douze classes, j'avance en mode robot, c'est n'importe quoi pour nous et pour les élèves, nous avançons en pleine improvisation. » Promesses de printemps En mars et avril, les stagiaires seront en principe à nouveau déchargés de la moitié de leur cours. Comme la réforme prévoit, ce seront cette fois des étudiants en master 2 préparant le CAPES qui les remplaceront. Mais cette fois encore, les profs doutent de la capacité du rectorat à pouvoir les remplacer. « Cela va être du dernier moment. Le rectorat compte sur le fait que nous sommes des pions. S'ils ne trouvent personne ils savent qu'ils pourront toujours nous laisser à temps plein », conclut Claire, sacrément refroidie par cette douloureuse entrée en matière dans une profession qui reste souvent une vocation. Simon Hauville (source le havre dimanche)
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