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Dimanche 25 Décembre : 2011:
Sarkozy et sa cour médiatique n'étaient pas les bienvenus à Vitry Le chef de l'État a superbement ignoré, hier, la centaine de manifestants venus dénoncer sa visite « opportune » aux Restos du coeur et les brutalités de sa politique libérale. À l'heure où Nicolas Sarkozy quittait l'Élysée, hier matin, suivi par un car VIP de journalistes, une centaine de personnes ont commencé à se rassembler à la gare RER des Ardoines, à Vitry-sur-Seine. C'est que le président de la République, en campagne, avait prévu de visiter le centre de gestion des Restos du coeur de la ville val-de-marnaise. « C'est scandaleux ! On coupe les crédits aux associations et lui, il vient ici se féliciter de quoi ? Sa politique met les gens à la rue. C'est une provocation qu'on ne pouvait pas laisser passer », s'emporte Philippe, syndicaliste CGT et habitant de Vitry-sur-Seine. Au milieu des drapeaux rouges PCF, Front de gauche, CGT et NPA, quelques pancartes donnent le ton : « Sarko and co, fabricants de pauvres depuis 2007 » ou encore « Ici on est à Vitry, pas au Fouquet's ». Des messages qui ne parviendront ni au président de la République ni aux Français. Pourquoi ? Sans doute parce que l'ensemble des médias audiovisuels étaient aux côtés du président et n'ont pas daigné jeter un oeil du côté de ceux qui, comme Fabienne Lefebvre, du Parti communiste de Vitry-sur-Seine, ont dénoncé une politique de « désengagement de l'État, d'asphyxie des collectivités territoriales, de casse des services publics et des acquis sociaux ». Le Samu social en a fait les frais en mars dernier, puisqu'il a vu ses crédits réduits drastiquement. « Conséquence : 750 familles du Val-de-Marne ont été mises à la rue faute de moyens pour les accueillir. » Hélène Luc, ancienne sénatrice communiste, est, elle aussi, en colère. La venue de Sarkozy dans une des villes les plus pauvres du département relève, selon elle, du cynisme : « Je suis indignée que cet homme fasse sa campagne électorale sur le dos des Restos du coeur. C'est une insulte aux huit millions de pauvres de France. J'espère qu'avec de tels déplacements, les gens trouveront de nouvelles raisons de lui dire "dégage" en 2012. » Encerclés par un cordon conséquent de CRS, les manifestants entament quelques chants révolutionnaires pour se réchauffer. Impossible pour eux, comme d'ailleurs pour les rares journalistes présents, de quitter le parking de la gare pendant plus de deux heures. Un bénévole des Restos du coeur de Choisy-le-Roi semble ahuri. C'est que, ce matin, on lui a interdit l'accès au centre de gestion. À la retraite depuis deux ans, Francis y est bénévole. Il se dit écoeuré par « cette récupération politique. Sarkozy vient dans un entrepôt où il n'y a pas un seul bénéficiaire ! Nous, on distribue 7000 repas par semaine et on voit les gens tous les jours. Mobiliser autant de CRS alors que d'autres crèvent de faim, ça me fait honte ». Et une autre bénévole de conclure : « Vous savez, je ne fais pas de politique, je fais juste un peu de bénévolat. Voir ça me met en colère. Se servir des Restos pour sa campagne, aux frais du contribuable, c'est trop, je n'arrive pas à croire à tant de mépris. » Ixchel Delaporte (l'Humanité, Vendredi 23, Samedi 24 et Dimanche 25)
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