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Samedi 24 Décembre : 2011:

 

Emploi : nouveau sommet, vieilles lunes

En vue du « sommet social » du 18 janvier, le gouvernement relance l'idée d'accords d'entreprise où les salariés échangeraient maintien de l'emploi contre reculs salariaux.

À l'approche du sommet sur l'emploi convoqué par Nicolas Sarkozy pour le 18 janvier, les intentions du gouvernement se précisent. Face à un chômage en forte progression, il envisage tout d'abord de faciliter les recours au... chômage partiel. Le sujet fait actuellement l'objet d'une concertation entre patronat et syndicats. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s'est dit prêt à discuter avec eux d'une « unification » des divers dispositions existant en matière de chômage partiel. La CGT, elle, propose une refonte du système, en créant un « contrat de sécurisation des emplois », financé conjointement par l'assurance chômage. L'État et les entreprises, qui garantirait une indemnisation à 90% du salaire et prévoirait des obligations renforcées pour les employeurs. Projet qui se heurte pour l'heure au refus du patronat de « mettre un sou de plus », selon la responsable cégétiste Agnès Le Bot. Le représentant du Medef, Benoît Roger-Vasselin, veut bien, en effet, « affiner » les dispositifs, mais, « sans accroître la charge » des entreprises, a-t-il dit.

Au-delà de « solutions d'application rapide » comme celles touchant au chômage partiel, pour Xavier Bertrand, le sommet du 18 janvier « peut être aussi le moment d'aborder des questions plus structurelles comme la compétitivité ». « Les accords "compétitivité-emploi" peuvent être une voie d'avenir », a-t-il indiqué dans un entretien au Monde. En clair, il s'agirait d'encourager la signature d'«accords » dans les entreprises prévoyant d'échanger la promesse d'une garantie de l'emploi contre une « flexibilité » plus grande sur les salaires. Alors que, pour la CFDT, selon Laurent Berger, il n'est pas question d'« en parler le 18 janvier », la CGT exprime d'ores et déjà son refus de « ces chantages à l'emploi ». En rappelant que ce type de « compromis » a déjà été expérimenté dans plusieurs entreprises et qu'il n'a pas empêché fermetures et licenciements...

Et pour cause : il repose sur l'idée, démentie par maintes études et en particulier par un véritable comparatif France-Allemagne, que le coût du travail serait sinon l'unique, du moins le principal facteur de compétitivité.

Yves Housson

(l'Humanité, Vendredi 23, Samedi 24 et Dimanche 25 décembre 2011)

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