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Jeudi 22 Décembre : 2011:
L'éditorial de Michel Lepinay Le coup de blues des économistes « On est en train de réamorcer la pompe par récession », déclarait en fin de semaine au quotidien « Libération » Xavier Timbeau un responsable de l'Office français du commerce extérieur, OFCE. La pompe à « très grande récession » si l'on en croit le titre de son rapport. Et l'actualité d'hier semblait déjà donner raison à son pronostic pessimiste, puisque l'Italie, troisième économie de la zone euro, a annoncé par la voix de son ministre du Développement économique, Carrado Passera, qu'elle était bel et bien entrée en récession. Selon les prévisions de l'OFCE, la France devrait en faire autant dès 2012, avec une baisse de l'activité de 0,2 % n'en déplaise aux prévisionnistes du ministère des Finances. Et l'Allemagne elle-même devrait tirer à grand-peine son épingle du marasme ambiant avec une croissance qui pourrait se limiter à 0,4 %. Mais cela, c'est dans une hypothèse optimiste. Car, selon l'OFCE, les gouvernements européens pourraient bien, par leur action, aggraver encore la situation. Parce que la « pompe à récession » est un mécanisme pervers auto-entretenu. Une spirale infernale qui pousse les gouvernements à multiplier les mesures d'austérité pour lutter contre une dette qui s'est accrue du fait de leur excédent de dépenses et de la faiblesse de leur croissance. Laquelle austérité agit comme un étouffoir économique qui freine à son tour la croissance, diminue les recettes des États et donc accroît les déficits, provoquant de nouveaux plans d'austérité. On le voit très bien en France, où chaque révision du taux de croissance à la baisse se traduit par un train de mesures de rigueur, qui annoncent déjà la prochaine révision du taux de croissance, et donc le prochain plan d'austérité. Si cela n'était que le problème de la France, ce ne serait pas dramatique, mais comme tous les pays de la zone euro font la même chose, la demande baisse dans l'ensemble de la zone, et qui dit baisse de la demande, dit baisse de l'activité. C'est ainsi qu'à la fin, même l'Allemagne, dont la croissance repose sur les exportations, dirigées à 60 % vers la zone euro, finit elle aussi à être tirée vers la récession faute de demande pour ses produits. Selon l'OFCE, une poursuite de cette politique pourrait se traduire par une baisse du PIB de 3 % en 2012 pour la France. Et, conséquence immédiate, une envolée du chômage qui devrait dépasser la barre des 10 % au second semestre. Alors comment éviter le scénario catastrophe ? Probablement, mais ce n'est pas nouveau, par une véritable solidarité entre les États, face aux dettes. Une coordination des politiques économiques pour éviter que tout le monde fasse l'austérité en même temps... Des avertissements pour relancer la croissance en Europe. Une intervention massive de la Banque centrale européenne pour venir au secours des États et stopper la spéculation... Bref, une stratégie qui ne ressemble pas tout à fait à celle, actuelle, de l'Union européenne. (Havre Libre)
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