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Mardi 20 Décembre : 2011:
« Les compteurs ne seront pas à zéro en janvier » Pour Patrice Bessac, porte-parole du PCF, reçu hier par le CSA, les déséquilibres ne seront pas rattrapés. Entretien. Qu'a répondu le CSA sur les discriminations dont vous vous plaignez ? Patrice Bessac. Nous sommes revenus sur notre rapport aux chaînes qui est tragi-comique. Au moment de la primaire socialiste, les chaînes nous disaient : « C'est le temps des primaires, on ne peut pas vous passer. » Aujourd'hui, elles nous répondent : « La droite doit rattraper ! » Au grattage comme au tirage, on perd. Le président du CSA, Michel Boyon, a rappelé qu'il n'avait pas donné d'instruction sur un rattrapage de la droite qui empêcherait notre représentation dans les médias. Force est de constater, pourtant, que, depuis les recommandations du CSA, en octobre, la situation est toujours bloquée pour le Front de gauche et le Parti communiste. À partir du 1er janvier, les chaînes devront, selon le CSA, se soumettre à un principe d'équité, puis, à partir du 19 mars, d'égalité des temps de parole. Cela lève-t-il vos craintes ? Patrice Bessac. On entre dans une période qui sera plus attentivement contrôlée, c'est positif. Mais l'équité est un principe qui peut être sujet à mille interprétations, il faut donc absolument que le CSA impose une lecture qui ne soit pas à la tête du client. On remarque que l'on fait grand cas de candidatures du type de celle de Villepin, qui sont fantaisistes et dont on ne sait si elles iront au bout. En comparaison, d'autres, comme celle du Front de gauche, ont une exposition moindre. Le principe d'équité doit être apprécié en fonction du poids des uns et des autres, des meetings, des initiatives, du caractère sérieux et engagé des candidats. Évidemment, le moment d'égalité des temps de parole est court et ne pourra pas rattraper les déséquilibres précédents. En réalité, les compteurs ne seront pas à zéro, vu le temps de retard déjà accumulé par la candidature du Front de gauche et les partis qui le composent. L'égalité peut-elle exister alors que Nicolas Sarkozy cumule temps officiel et de candidat présumé ? Patrice Bessac. Comme à d'autres moments de l'histoire, le président sortant utilise les tribunes et les moyens de l'État pour mener une véritable précampagne. Le CSA va intégrer une partie de ses interventions au titre de sa candidature présumée. Cependant, il ne faut pas être agrégé de sciences politiques pour constater que la réalité va être toute autre : la droite est décidée à utiliser tous les leviers de l'État pour sa réélection. C'est un fait, il va y avoir une distorsion et un avantage grave du président dans l'accès aux médias audiovisuels et aux moyens publics. Propos recueillis par Julia Hamlaoui (l'Humanité)
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