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Vendredi 16 Décembre : 2011:

 

900 profs contre la concurrence

Grève. Le mouvement de protestation des enseignants contre le changement de leur évaluation a été diversement suivi et les protestataires se sont concentrés à Rouen.

À part le SGEN-CFDT qui fait cavalier seul, tous les principaux syndicats d'enseignants, FSU, UNSA, FO, y compris le SNALC, syndicat d'agrégés, ont manifesté hier devant le rectorat à Rouen. Environ 550 professeurs du secondaire, mais aussi du premier degré, sont venus dire leur opposition à la réforme de l'évaluation proposée par Luc Chatel.

Pour Yves Dosdat, secrétaire départemental FO et enseignant en collège à Sotteville-lès-Rouen, « nous ne voulons pas être évalués uniquement par les chefs d'établissement. Nous souhaitons conserver le double regard qui prévoit l'intervention des inspecteurs. Nous constatons que des inspections ont lieu tous les dix ans. Or si elles se passent mal, elles ont une incidence directe sur la progression de carrière et salariale. » Thierry Patinaux de l'UNSA insiste sur les menaces qui pèsent sur l'avancement des professeurs. « Nous allons mettre deux ans de plus pour arriver au dernier échelon, ce qui signifie que nous allons perdre deux années de salaire maximum », souligne-t-il. Les syndicats d'enseignants contestent les arguments de Luc Chatel sur la revalorisation des professeurs car « nous sommes satisfaits pour nos jeunes collègues qui débutent mais cela ne concerne que 15 % de notre profession et nous voudrions bien une revalorisation pour tous. »

Au SNES-FSU, Florian Lascroux conteste le projet tout en soulignant ce qui constitue selon lui les énormes défauts du système actuel. « Il y a dans l'académie 59 collègues certifiés qui n'ont pas été respectés depuis plus de dix ans et même certains depuis plus de vingt ans. Nous ne voulons pas de l'existant mais le nouveau système qu'on nous propose ne consistera qu'à donner des bonus à certains et pas à d'autres, tandis que la majorité évoluera sur le rythme le moins avantageux de ce qui existe aujourd'hui, avec une mise en concurrence désastreuse. » Le jeune prof souhaite un système d'évaluation et d'expertise déconnecté des rémunérations, et dont le but final serait « le conseil aux enseignants qui font un métier de plus en plus compliqué. »

En Haute-Normandie, le reste des rassemblements a connu un succès modeste avec 200 manifestants au Havre, une cinquantaine à Dieppe et 80 à Évreux.

Sur le plan national, la grève a concerné selon le ministère de l'Éducation nationale 11 % des enseignants du primaire et 16 % des enseignants du secondaire. Le projet devant être examiné en comité technique ministériel en janvier, une nouvelle action des syndicats pourrait avoir lieu en début d'année prochaine.

V. B.

(Havre Libre)

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