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Samedi 3 Décembre : 2011:
Les 35 heures attaquées pour baisser les salaires Par Gérard Filoche, inspecteur du travail. L'UMP, Jean-François Copé, Sarkozy se sont encore réengagés dans la bataille contre les 35 heures, prétendument pour nous faire travailler plus. Il y a 5 millions de chômeurs, 3 millions de temps partiels, 3 millions de précaires. En quoi le fait de remettre en cause les 35 heures fera que les salariés travailleront plus ? Mystère. Chacun sait que nous avons le taux de productivité horaire le plus élevé du monde. Ce sont les pays les plus pauvres qui travaillent plus longtemps et les pays les plus riches qui ont les durées du travail les moins longues. De quoi s'agit-il alors ? Les 35 heures, c'est la durée légale, rien de plus. La seule loi contraignante d'ordre public social est celle qui fixe à 10 heures par jour et à 48 heures par semaine la durée maximale. Au-delà de 10 heures et de 48 heures, c'est un délit pour les employeurs de faire travailler un salarié. Cette durée maximale sert à protéger l'emploi et la santé des salariés contre leurs employeurs et contre eux-mêmes. Mais ni Sarkozy ni Copé ne remettent en cause les 48 heures. Alors, à quoi servent le bruit et la fureur de l'UMP contre les 35 heures ? La réponse est simple : supprimer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires à 35 heures. Car à partir de la 36e heure de travail chaque heure est majorée de 25 %. Supprimer ce seuil, c'est supprimer la majoration, donc baisser le salaire net et brut de ceux qui feraient plus de 35 heures. Cela remettrait aussi en cause la notion de SMIC indexé sur la durée légale mensualisée à 151 h 66. L'UMP veut supprimer toute durée légale, comme l'exige le MEDEF. Remplacer la loi par des contrats au gré à gré. Soumettre à la bonne volonté patronale la fixation des horaires de travail salariés. Donc supprimer toutes majorations. Cela devient une énorme baisse de salaire pour tous ceux... qui travailleraient plus. Un « idéal » complété par le remplacement des cotisations sociales par une « TVA sociale ». Les cotisations sociales font partie du « salaire brut » payé par l'employeur. Une partie de ce salaire est versée directement, c'est le « net ». La partie versée indirectement, c'est le « brut » : cette partie du salaire est mutualisée et redistribuée à chacun selon ses besoins lorsque vous êtes malades, au chômage, en charge de famille nombreuse, etc. C'est ce qu'il y a de plus beau en France, ce n'est pas une charge mais un bonheur. C'est ce que l'UMP veut supprimer afin que l'employeur ne paie plus de cotisations sociales. Mais que tous les salariés les paient individuellement sous forme de TVA. C'est donc une autre et énorme forme de baisse de salaire. C'est ça, le « nouveau » programme central de l'UMP. (L'Humanité Dimanche)
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