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Dimanche 27 Novembre 2011:
Salaire en carence rime avec trime en cadence Gérard Filoche, inspecteur du travail La loi prévoyait jusqu'ici un délai de carence de 3 jours en cas d'arrêt maladie pour le secteur privé. C'est déjà trop et scandaleux : quand on est malade, on est malade, c'est le médecin qui décide, et l'assurance maladie, c'est justement fait pour payer ces arrêts contraints indépendants de la volonté du travailleur. Les indemnités journalières d'arrêts maladie auraient coûté 6,6 milliards d'euros en 2010. C'est peu quand on y pense. Sarkozy fait dire que ces dépenses « progressent à un rythme élevé et difficilement justifiable ». Ce qui n'est pas vrai : la progression était de 5,1% en 2009 mais seulement de 3,9% en 2010 . Les arrêts de travail de courte durée, 1 à 8 jours, seraient plus nombreux et représenteraient 37% du total. Nos chers patrons appellent cela de « l'absentéisme » : bien sûr qu'il y en a et cela se comprend de plus en plus aujourd'hui. Mais n'est-pas dû à leur politique managériale brutale, à l'intensification des cadences et aux bas salaires peu motivants ? Et ça n'empêche pas que nous ayons encore le taux de productivité horaire le plus élevé au monde. Sarkozy, Fillon et Bertrand veulent, pour faire plaisir aux officines dites de notation et aux banksters, faire passer de 3 à 4 jours le délai de carence, la période non remboursée par l'assurance maladie, dans le privé (et à un jour pour les fonctionnaires). Cela frappera les salariés exerçant des métiers pénibles physiquement et mentalement. Ils hésiteront à s'arrêter quand leur état l'exigera. Leur santé déclinera davantage, leur activité en souffrira. Un salarié non soigné développera des pathologies plus graves et plus coûteuses à traiter par la suite. Ça ne va sûrement pas stopper la démotivation. Tant qu'à vouloir que les salaires soient plus heureux et plus efficaces au boulot, mieux vaudrait améliorer les conditions d'hygiène et les conditions de travail, respecter les 35 heures, que de leur faire subir répression et perte de salaire. Ce n'est pas ce que pense un des réactionnaires patentés du gouvernement Sarkozy. Le dénommé Laurent Wauquiez soutient carrément qu'il faut en finir avec l'indemnisation des arrêts maladie : « Être payer quand on est malade n'est pas très responsabilisant. » Pas seulement 4 jours, mais tout le temps de la maladie. « Les valeurs de solidarité et de redistribution gravées dans le marbre lors de la fondation de la Sécurité sociale sont dépassées », rajoute le « réassureur Denis Kessler, ex-n°2 du MEDEF. Voilà le bout du nez du programme de campagne réactionnaire sans limite que Sarkozy nous annonce pour 2012. (L'Humanité Dimanche)
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