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Vendredi 25 Novembre 2011:
L'UMP scénarise sa guerre sociale Avec la première des trois conventions nationales pour 2012, le parti sarkozyste vise surtout à occuper le terrain médiatique tout en motivant ses troupes. Lambersart (Nord), envoyé spécial.
« Le courage est une vertu guerrière. » Dixit Nathalie Kosciusko-Morizet. C'était mardi soir à Lambersart (Nord), près de Lille. Une région Nord-Pas-de-Calais sinistrée sous les coups de boutoirs du capitalisme financier. Mais où la droite conserve des positions électorales dans un contexte dominé aujourd'hui par la gauche en général et Martine Aubry en particulier. L'UMP y tenait sa première convention nationale sur le volet économique du projet pour 2012 devant quelques centaines d'adhérents majoritairement retraités et sans enthousiasme excessif. L'agenda avait été bousculé par la primaire du PS et la soirée inscrite à la hâte dans le calendrier sous l'appellation très contrôlée : « Le rendez-vous du courage ». Une réunion entièrement tournée vers une bataille idéologique agressive pour occuper l'espace médiatique, le « courage » se voulant l'alternative au prétendu « renoncement » de François Hollande. Un courage que Nathalie Kosciusko-Morizet attribuera exclusivement à « l'engagement entrepreneurial » en temps de crise. Déclaration de guerre aux salariés Sur le fond des propositions, la soirée ne livrera pas de scoops : l'abandon d'une durée légale du temps de travail hebdomadaire était déjà en l'air sarkozyste, tout comme le financement par une TVA sociale, rebaptisée « fiscalité antidélocalisation » de la protection sociale. Exit le « gagner plus » de 2007, voilà le « travailler plus pour produire mieux ». Une déclaration de guerre aux salariés sur le mode d'une haine de classe scénarisée comme un mauvais jeu télévisé et surjoué par une animation d'hypermarché. Questions posées par des militants comparses appelant aussitôt des réponses convenues de quelques ministres enrôlés en dépit de leur bon gré dans l'aventure ubuesque, Valérie Rosso-Debord lançant périodiquement des malédictions grimaçantes à la gauche. Ex-ministre du Budget Éric Woerth recevra une ovation comme on en réserve aux victimes innocentes. Paradoxe ou humour involontaire, c'est lui qui, sous le coup de deux enquêtes judiciaires, développera le volet lutte contre la fraude sociale et fiscale... Les fausses questions se succèdent. Genre : « Des gens se plaisent au chômage. Que comptez-vous faire ? » Réponse : soumettre les bénéficiaires du RSA au travail obligatoire. Question : « Comment en finir avec les 35 heures ? » Réponse de Marc-Philippe Daubresse : « C'était une connerie. » Le tout entrecoupé par des spots publicitaires sur le bilan sarkozyste, dont les mesures vedettes sont la réforme des retraites ou l'introduction du service minimum dans les transports. Visiblement ravi, le patron de l'UMP, Jean-François Copé, se proposera « d'éclairer le chemin » : « Nous changeons d'époque (…). Il nous faut préparer un nouveau modèle social de croissance. » Dominique Bègles (l'Humanité)
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