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Jeudi 24 Novembre 2011:

Et maintenant, l'affaire Sandouville !

La CGT de Renault Sandouville (Seine-Maritime) dévoile un document de la direction de Renault prévoyant 1120 suppressions de postes et un coup de main juridique de l'État !

« Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, en plein moment où on culpabilise des millions de Français en parlant de fraude, je n'arrive pas à l'avaler. » Nicolas Guermonprez, délégué CGT de Renault Sandouville lit et relit inlassablement un document émanant de la direction du comité stratégique du groupe, tombé entre les mains du syndicat. Son incroyable contenu a été dévoilé à la presse hier.

Alors que l'effectif actuel de l'usine est de 2450 salariés, il n'en faudrait plus que 1330, préconise le document, pour produire un véhicule utilitaire de type Trafic d'ici à 2015, en remplacement de la Laguna et de l'Espace, dont la production devrait cesser au premier semestre 2015. Fini le haut de gamme à Sandouville, et quid de la promesse faite par Carlos Ghosn, comme par Nicolas Sarkozy de maintenir une production de 100 000 véhicules par an, alors qu'il n'est plus question dans cet écrit que de 70 000 véhicules. Les départs en retraite ne suffiront pas à masquer les 1120 emplois menacés, il y a une crainte de licenciements, même si le syndicaliste déclare s'attendre à des démentis de la part de la direction.

Mais ça n'est pas tout ! Le document prévoit de demander un coup de main à l'État. Il s'agirait de « construire le cadre juridique » qui permettrait au site d'être classé en zone franche (via un élargissement de la zone dite portuaire) pour bénéficier d'exonérations de cotisations sociales et patronales et d'allégements fiscaux. « Je suis désolé, mais pour moi, une zone franche c'est fait pour créer des emplois, notamment pour les jeunes, pas pour en liquider », tempête Nicolas Guermonprez. La direction aurait chiffré le gain d'un tel remaniement de la loi qui régit les zones franches (car c'est bien de cela dont il s'agirait) à « 215 millions d'euros pendant cinq ans, ce qui ferait, selon eux, 250 euros par véhicule ».

Un calcul que le syndicaliste trouve étrange : « 250 euros, cela correspondrait à 143 000 véhicules produits, alors qu'on nous parle de 70 000. » Est-ce à dire que du côté d'Opel ou de Nissan, partenaires de l'utilitaire, on pourrait espérer profiter tous ensemble des cadeaux de l'État français, en dépouillant par exemple les sites de production d'utilitaires de Barcelone, en Espagne, et de Luton, en Angleterre ? « Si c'est le cas, ce serait honteux ! Nous ne sommes pas des mendiants qui espérons vivre en dépouillant les ouvriers d'autres

pays ! », commente encore le syndicaliste, indiquant que la CGT exige la tenue rapide d'un comité d'entreprise extraordinaire.

L. Ma.

(l'Humanité)

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