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Jeudi 24 Novembre 2011:

 

À Sandouville, la CGT craint le pire

Menace sur l'emploi à Sandouville

Industrie : un document interne à l'entreprise inquiète les salariés de Renault sur leur emploi.

Un vent d'inquiétude souffle à nouveau sur l'usine Renault de Sandouville. Hier, le syndicat CGT a révélé être en possession d'un rapport émanant du Comité stratégique industriel (CSI) de Renault. Présenté aux actionnaires le 28 septembre 2010, ce document prévoit la suppression de nombreux postes d'ici 2015 lorsque le remplacement de la Laguna et de l'Espace par le Trafic, sera effectif sur les chaînes. L'usine est actuellement en travaux pour se préparer au passage du haut de gamme à cet utilitaire. Pour la CGT, le compte n'y est pas. « La direction chiffre à 1300 le nombre de salariés nécessaires à l'horizon 2015 pour fabriquer l'utilitaire alors que l'effectif actuel est de 2450 », rappelle Nicolas Guermonprez, le secrétaire de la CGT. Un chiffre qui pourrait être toutefois porté à 1615 si Nissan se joint au projet et fait fabriquer par Renault son propre utilitaire, le Primastar.

Le syndicat demande la tenue d'un comité d'entreprise extraordinaire et pointe d'autres incohérences : « La direction locale et Carlos Tavares (N.D.L.R. : le numéro 2 de Renault) parlent aujourd'hui de 100 000 Trafic mais c'est contraire à ce qu'ils ont présenté à ce comité stratégique l'an dernier. Il y a double discours... » Si elle se concrétisait, cette baisse de production aurait également des conséquences pour l'usine de Renault-Cléon où est fabriqué le moteur du Trafic. « La période électorale, avec l'État et Nicolas Sarkozy comme premier actionnaire explique cette chape de plomb », ajoute le délégué CGT, « alors que la situation de l'emploi est mauvaise chez Areva ou Peugeot ! »

Actuellement, 400 salariés sur les 2450 que comptent Renault-Sandouville sont en « déplacement extérieur » et un plan de départ (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) est prévu, sur la base du volontariat pour 400 autres ouvriers ayant exercé une activité pénible. Mais selon la CGT, ces départs « naturels » ne seront pas suffisants et il faut s'attendre à des licenciements. « On va bien sûr nous dire qu'il s'agit d'un document de travail et qu'il n'y aura pas de licenciements, ni de plan de départs, mais nous n'y croyons pas », affirme Nicolas Guermonprez. D'autres éléments figurant au CSI inquiètent le syndicat : des terrains appartenant à Renault, aux alentours de l'usine, pourraient, être mis en vente pour une quinzaine de millions d'euros ou encore la création d'une zone franche à Sandouville. Ce qui permettrait au constructeur automobile de réaliser un gain fiscal de 215 M€ sur cinq ans.

La direction de l'usine rappelle les propos de Carlos Ghosn, le président de Renault, le 2 février 2011 : « La stratégie industrielle de Renault ne prévoit pas de fermeture de sites, pas de plans sociaux, ni de plans de départs collectifs. À Sandouville, c'est du travail pour tous. Une garantie d'emploi à 100 % pour les CDI et un fonctionnement en deux équipes à partir de 2014 pour produire 100 000 fourgons par an, soit un véhicule toutes les deux minutes. Le 7 octobre dernier, Carlos Tavares a confirmé Les 230 M€ d'investissement pour le Trafic et la poursuite des travaux pour les futurs ateliers. » En attendant l'arrivée de l'utilitaire, les mois à venir s'annoncent rugueux. « Nous allons ferrailler sévère, car nous avons bien compris que c'est plus facile de fermer une boîte de 1300 salariés que lorsqu'il y en a 4000 ! » lâche, avec fermeté, Nicolas Guermonprez.

Alain Lemarchand

(Havre Libre)

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