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Mardi 15 Novembre 2011:
Éditorial Europe SA Par Michel Guilloux Coup de force sur coup de force. Les peuples d'Europe ont de quoi être inquiets, ces jours-ci encore plus que jamais. L'on ne peut que se réjouir de voir un Sylvio Berlusconi contraint à quitter enfin son poste mais les conditions dans lesquelles se produit son éviction ne sont qu'un épisode de plus dans l'offensive antidémocratique lancée depuis des mois maintenant. Il lâche les rênes du pouvoir non par la volonté de son peuple mais par la force des baïonnettes des vrais maîtres du monde et de leurs valets. Il a été remplacé par celui que le magazine libéral The Economist qualifiait, avec gourmandise, de « l'un des plus puissants bureaucrates européens ». À Athènes, le nouveau gouvernement, issu lui aussi de la force du chantage de la finance et non des urnes, ramène au pouvoir une extrême droite de sinistre mémoire et met à sa tête un autre eurocrate zélé. Le nouveau premier ministre grec était ancien vice préside de cette Banque centrale européenne entièrement soumise aux banques qui étranglent les peuples et qui vient de voir accéder à sa tête l'ancien responsable de Goldman sachs Europe, « conseillère » en endettement du pays. Une fuite en avant des plus dangereuses pour la démocratie est en cours chez les puissants. Hier encore, on apprenait que la chancelière allemande faisait « pression » pour une révision du traité de Lisbonne, version adoptée à la hussarde en France d'une constitution européenne rejetée par les peuples français et néerlandais en 2005. Angela Merkel veut « donner plus de poids » aux structures eurocratiques face aux États qui « négligent les règles budgétaires ». Passer outre les référendums nationaux ou faire revoter les Parlements « mal comprenants » ne suffit plus. Il faut changer les exécutifs gouvernementaux à la place des peuples et imposer aux récalcitrants une camisole de force. Le pseudo-débat en cours sur le « plus de fédéralisme européen » pour résoudre la crise n'est que le faux nez d'une réponse des plus violentes de la bourgeoisie qui domine ce monde à la crise de son système capitaliste. Et en France ? Tout va bien selon le président de l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet : « Nicolas Sarkozy est plutôt bien noté pour le moment »... Les agences de notation jouent de tous les registres pour « encourager » son gouvernement. À peine quelques jours après un nouveau plan d'austérité, faisant fi des débats parlementaires, il faudrait accroître encore et encore le poids des sacrifices pour le plus grand nombre comme la casse de tout ce qui, dans les dépenses publiques, soit est inutile, soit aiguise les appétits de rendement des rapaces du profit à court terme. On ne peut qu'être encore plus inquiet et vigilant. Face à une logique purement financière, qui tue le développement économique et social, l'engrenage de la loi d'airain de la super-austérité prépare le terrain à une récession majeure. C'est un engrenage infernal : la régression sociale allant au rythme des reculs démocratiques. Parce que la vie de chacun est concernée aujourd'hui, comme la possibilité de la changer par d'autres choix budgétaires, politiques, économiques demain, il y a urgence, comme un certain nombre de voix l'expriment dans ces colonnes, à alerter et réagir. Le même Jean-Pierre jouyet note qu'« à terme, les citoyens se révolteront contre cette dictature de fait » des marchés financiers. Cette heure-là est en train de sonner. (source l'Humanité)
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